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AGROALIMENTAIRE

À Coutances, la fromagerie en lutte

17 septembre 2018 | Mise à jour le 15 septembre 2018
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À Coutances, la fromagerie en lutte

La Compagnie des Fromages de RicheMonts annonce la fermeture de son usine de Coutances pour mai 2019. Tandis qu'un Comité central d'entreprise est prévu le 18 septembre pour examiner le PSE, les salariés ont entamé une grève et exigent l'examen de solutions alternatives.

Ces jours-ci, la tension est à son plus haut niveau à Coutances (Manche). Depuis l'annonce de la fermeture de l'usine CF &R, la colère est immense parmi les salariés. S'y ajoute un contexte de harcèlement envers les élus CGT, dont ces derniers se sont plaints dans un courrier adressé à la direction, le syndicat allant jusqu'à avertir qu'il avait désormais du mal à « maîtriser la situation ».

Un comité central d'entreprise doit se tenir mardi 18 septembre à Suresnes (Hauts-de-Seine) pour préciser les contours d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) qui a priori ne peut pas convenir puisqu'il prévoit la fermeture du site. Mickaël Morin, directeur du site, a annoncé que les 87 salariés en CDI bénéficieront de propositions de reclassement sur les autres usines de Normandie à Vire (Calvados), Ducey (Manche) ou Pacé (Orne). Des propositions qui ne font guère illusion pour les intéressés, compte tenu de l'éloignement de ces sites.

Pour Dominique Giard, délégué syndical CGT et secrétaire du Comité Central d'entreprise qui a diligenté une expertise afin de contrer ce choix, la décision de fermeture n'est nullement justifiée. La direction met en avant une baisse du marché du fromage à pâte molle et une sous-utilisation des capacités du site, mais les véritables causes sont à chercher ailleurs : « Nous sommes une co-entreprise géré à 50-50 par Sodiaal et Savencia, or nous sommes victimes des désaccords entre ces deux actionnaires. Il y a un an, nous avions le projet de produire à Coutances la gamme bio, cela n'a pas été réalisé. De même, Savencia nous interdit de vendre le Saint-André sur le marché français. S'il n'y avait pas ces mauvaises décisions stratégiques, on ne fermerait pas cette usine. »

La CGT a des propositions alternativesA l'inverse des intérêts financiers qui conduisent à une standardisation des produits, le syndicat prône une stratégie de développement et de qualité basée sur la proximité, avec notamment une collecte du lait au plus près du site. Il réclame aussi une proximité dans les prises décisions avec pour CF&R une indépendance en matière d'innovation et de commercialisation. La CGT va même jusqu'à réclamer un conseil d'administration incluant les salariés de la coopérative agricole de CF&R. Au-delà de l'usine de Coutances, ce dossier illustre une fois encore comment les logiques boursières remettent en cause non seulement les bassins d'emplois et les conditions de travail, mais y compris notre quotidien alimentaire et le patrimoine gustatif de la France.

Lors de son assemblée générale de rentrée, le 6 septembre dernier, l'ensemble des syndicats CGT de la Manche ont, avec leur union départementale CGT, adressé, un message de soutien aux salariés de CF&R Coutances, ainsi qu'au secrétaire du syndicat victime de menaces de la part de la direction. L'UD CGT 50 et la fédération CGT de l'agroalimentaire ont en outre publié dès juillet dernier un argumentaire économique et social  en faveur du maintien de la production des fromages à Coutances : « Fermer Coutances signifierait produire notamment les fromages Cœur de Lion (mini à dorer, brie 500…) et Saint-André sur d'autres sites de CF&R ou de Savencia, sans embauches véritables. Ainsi,  les conditions de travail dans ces usines se dégraderaient, mettant du même coup en péril d'autres productions… ».

Partant du potentiel technologique très performant de Coutances, lequel était il y a un an encore érigé comme un modèle dans les médias, la CGT note que le site dispose des tous les atouts pour développer la R&D et de nouveaux produits, lesquels pourront être mieux adaptés aux évolutions de la consommation. « Comment peut-on nous interdire de faire du bio ? » s'insurge encore Dominique Giard.