À Tours, l’ombre de la délocalisation chez STMicroelectronics
Plusieurs centaines de personnes se sont mobilisées à Tours (37), ce jeudi 12 décembre, pour dénoncer la casse de l’emploi qui frappe tout particulièrement l’industrie,... Lire la suite
« Je suis électricien. On travaille encore avec des contacteurs de 1970. On en est réduit à prendre des éléments sur certaines installations et de les monter sur d’autres. » Serge Ballat travaille chez Dunelec, une petite entreprise sous-traitante d’ArcelorMittal Dunkerque. Ce qu’il explique voir chaque jour derrière la vitrine du géant mondial de l’acier ? Les bouts de ficelle avec lesquels tiennent les machines. « On ne fait plus de maintenance, assure-t-il, mais du curatif, des interventions dans l’urgence. »
Des sous-traitants payés à 120 ou 160 jours
Administratif, entretien, sécurité, nettoyage… ArcelorMittal a externalisé des pans entiers de son activité. Ses deux usines voisines de Dunkerque et Mardyck – hauts-fourneaux d’un côté, laminoir à froid de l’autre – comptent un peu moins de 4 000 CDI et environ 3 000 intérimaires et sous-traitants réguliers. Des sous-traitants dont les patrons sont « payés à 120 voire 160 jours ». « Alors pour nous, les augmentations de fin de l’année… », conclut Serge Ballat.
Les augmentations de 2024, Gaëtan Lecocq n’en a pas vu la couleur non plus : « Zéro pour les négociations annuelles obligatoires », résume le secrétaire de la CGT d’ArcelorMittal Dunkerque. « Le toit de l’aciérie a tellement de fuites que l’eau tombe dans les convertisseurs, décrit-il. Les hauts-fourneaux sont dans un état catastrophique, les broyeurs à charbon aussi. Début 2024, on nous a annoncé une rénovation du haut-fourneau n°4 pour le prolonger jusque 2040. Finalement, on met une rustine sur le HF4, pour le faire tenir jusque 2029 dans le meilleur des cas. Et en juin dernier, la direction nous a appris la mise en stand-by de nos projets de décarbonation [1,8 milliard d’euros d’investissements prévus à Dunkerque, NDLR] ».
La situation est comparable à Fos-sur-Mer, avec un haut-fourneau à l’arrêt depuis 2023 et une production divisée par deux. Selon Sandy Poletto, secrétaire CGT du site des Bouches-du-Rhône, « la gestion financière à court terme » maintient l’inquiétude sur les 2 500 emplois en CDI et 1 500 en sous-traitance, alors que 308 suppressions sont déjà en cours. A Denain et Reims aussi, 135 suppressions d'emplois ont été actées en fin d’année dernière, dans la filiale ArcelorMittal Centres de Services. « On ne comprend pas l’analyse de la direction, nous confie David Blaise. Elle parle de la crise de l’automobile, alors que ces deux sites travaillent pour pour l’industrie et le ferroviaire. La plupart des machines de Reims iront en Pologne, en Espagne et en Belgique. »
Le climat général alimente de sérieuses craintes de délocalisations massives, au profit d’investissements en Inde, au Brésil et aux Etats-Unis. D’ailleurs, chez ArcelorMittal, « les sites, quels qu’ils soient, sont tous à risque en Europe et donc en France aussi », selon le président du groupe pour la France, Alain Le Grix de la Salle, interrogé le 22 janvier par la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale. C’est précisément pour éviter ce scénario noir et marquer « la première étape d’une grande mobilisation » que la CGT du Nord a organisé le 23 janvier, autour du cas emblématique d’ArcelorMittal, un meeting pour la défense de l’industrie et des services publics. Avec la revendication des « nationalisations » affichée clairement sur la banderole fixée sur la scène de la bien nommée salle de l’Avenir. Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, et Aurélie Trouvé, députée LFI et présidente de la commission des Affaires économiques, ont repris le mot d’ordre des « nationalisations », pour « des questions de souveraineté et d’indépendance » et contre « ce cas d’école [qu’est ArcelorMittal], symbole du capitalisme financier ».
Dans ses « propositions pour l’industrie et l'emploi », la CGT a répertorié 300 plans de licenciements depuis septembre 2023, entraînant 128 000 à 200 000 suppressions d'emplois directs, indirects et induits. Par vidéo interposée, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, affiche la volonté de s’attaquer « à la rapacité des multinationales et à l’inaction du gouvernement », notamment en renforçant les obligations de recherche de repreneurs, en imposant le remboursement des aides publiques quand elles n’ont pas servi l'emploi, en faisant entrer l’Etat au capital de certaines entreprises ou en nationalisant.De son côté, Frédéric Sanchez rappelle la proposition de loi des salariés de GM&S « sur la responsabilité des donneurs d’ordres vis-à-vis des sous-traitants ». « Aujourd’hui, l’heure n’est ni à la fatalité ni à la résignation », conclut le secrétaire général de la CGT Métallurgie.
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Le groupe sidérurgique fait une croix sur deux des huit sites de sa filiale ArcelorMittal Centres de services, à Denain, dans le Nord, et Reims, dans la Marne. La résistance... Lire la suite