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ÉNERGIE

A la centrale de Gardanne, Sophie Binet, militants CGT et salariés en pleine énergie syndicale

20 avril 2023 | Mise à jour le 27 avril 2023
Par | Photo(s) : Clément Martin
A la centrale de Gardanne, Sophie Binet, militants CGT et salariés en pleine énergie syndicale

Premier déplacement de Sophie Binet dans les Bouches-du-Rhône à la centrale thermique de Provence de Gardanne. Jeudi 20 avril 2023

Plus de 600 militantes et militants issus de toute la région Provence-Alpes-Cote d’Azur, ont chaleureusement accueilli Sophie Binet à la centrale thermique de Gardanne-Meyreuil (Bouches-du-Rhône). Ovation pour la secrétaire générale de la CGT. Regain d’espoir pour les salariés de la branche des Industries Electriques et Gazières (IEG), désormais soutenus dans une lutte engagée il y a plus d’un an, pour pérenniser leurs emplois et impulser une autre politique énergétique dans le pays. Reportage de Houda Benallal.

Il y avait foule ce jeudi 20 avril au matin à la centrale thermique de Gardanne-Meyreuil, lieu emblématique transformé en un gigantesque forum ouvert, où des vagues de militantes et militants ont offert un accueil digne d’un meeting à la numéro 1 de la CGT. « C’était très important de venir ici pour un de mes premiers déplacements de secrétaire générale, tout simplement, parce que l’union départementale des Bouches-du-Rhône, troisième de la CGT, est l’un de ses bastions. Vous êtes marqués par des luttes extrêmement importantes et c’est une évidence d’être là avec vous », a introduit Sophie Binet, sous des applaudissements nourris lors de la conférence de presse, organisée en plein air, face à un parterre de syndicalistes toutes étiquettes confondues, de quelques élus politiques et de journalistes.

1er mai international, exceptionnel et inédit

Une évidence qui s’inscrit dans le cadre du mouvement national contre la réforme des retraites. Sophie Binet ajoute : « Aujourd’hui il y a pas mal de grèves portées par nos camarades cheminots et cheminotes que je tiens à saluer ici. Je rappelle que la CGT et l’intersyndicale se mettent en situation d’avoir un 1er mai inédit parce que, pour la première fois en France, l’ensemble des organisations syndicales manifesteront un 1er mai et parce qu’il s’inscrit dans une mobilisation exceptionnelle. »

Un 1er mai 2023 qui prendra une dimension internationale, avec la présence de représentants syndicaux d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et d’Europe : «Des syndicalistes du monde entier vont venir nous soutenir et dire que notre mobilisation est non seulement centrale pour les travailleurs et travailleuses en France mais aussi pour celles du monde entier. Parce que si on tire vers le bas les droits d’un pays comme la France, c’est l’ensemble des garanties collectives dans le monde qui est tiré vers le bas. La France est normalement le pays des droits humains et des droits sociaux et ce que fait le gouvernement aujourd’hui abîme l’image de la France à l’international. » Et de rappeler le droit de grève légitime des salariés face aux tentatives d'empêchement du gouvernement dont Sophie Binet, commente l’attitude  : « Quand on entend notre président de la République, on a l’impression qu’il n’a toujours pas compris que depuis trois mois, il y a des millions de personnes qui ont manifesté, qu’on a battu tous les records de manifestants depuis l’après-guerre, et que cette réforme des retraites c’est nous voler deux ans de vie et qu’on ne se laissera pas faire ! Aujourd’hui, la colère dépasse largement celle des seules organisations syndicales, c’est plus de 60% des Françaises et des Français qui veulent que la mobilisation continue jusqu’au retrait. Et, c’est 95% des salariés qui sont opposés à cette réforme. »

Amorcer une indépendance énergétique en France par la méthanation

Après les avoir rencontrés dès 8h, Sophie Binet a salué la mobilisation des salariés IEG qui dure depuis plus d’un an dans ce site industriel qui porte une longue histoire combative. Après avoir changé à plusieurs reprises d’actionnaires et non sans d’importantes aides de l’Etat qui en fut actionnaire, la centrale thermique de Gardanne-Meyreuil d’une puissance de 150 MW, appartient depuis 2019 à GazelEnergie, filiale d’EPH et holding du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Depuis la fin du charbon, décrétée en 2013 et actée par Emmanuel Macron en novembre 2018, l’unité 4 a été convertie en biomasse et a subi plusieurs arrêts, avant d’être relancée en 2022. Parallèlement l’unité 5 de 595 MW, qui utilisait la technologie du lit fluidisé circulant, a été stoppée l’été 2021. S’en est suivi « un PSE de 98 licenciements avec de nombreux départs volontaires et 45 IEG au chômage contraint, dans le cadre d’un accord avec GazelEnergie qui s’est engagé à les reprendre en août 2023 », explique Jean-Michel Roccasalva, secrétaire du syndicat CGT : « D’où notre inquiétude car, en 2022, la filiale a dénoncé le contrat signé avec EDF et l’absence de ce contrat peut impacter nos rémunérations et l’avenir de nos emplois. »

Armés d’une étude d’opportunité découlant d’une étude de faisabilité, qu’ils sont arrivés à faire financer par l’Etat, les salariés IEG ont pu obtenir des engagements de GaselEnergie. « Il reste trois points essentiels qui doivent être réglés», rappelle Jean-Michel Roccasalva : « Le besoin de contractualiser la production d’électricité et de ne plus passer par le financement de la libéralisation du prix de marché. Les IEG en arrêt de travail jusqu’en août, doivent être inscrits dans un mécanisme de tuilage qui durera le temps nécessaire à leur réembauche. Et, il y a nécessité que le gouvernement définisse un prix de fourniture du gaz qui sera issue d’une gazification au méthane à partir des projets portés par les travailleurs de la centrale. La définition de ce prix doit permettre à un ou plusieurs industriels de se positionner et de commencer à dessiner le schéma d’une vraie indépendance énergétique dans notre pays. »

Date butoir le 15 mai 2023

Aux côtés de Jean Michel Roccasalva,  d’Olivier Mateu (secrétaire de l’UD 13), de Sébastien Menesplier (secrétaire général de la FNME-CGT) et de Tony Hautbois (secrétaire général des Ports et Docks), Sophie Binet a accordé tout son soutien aux salariés IEG et à leur projet : « Votre mobilisation est exemplaire, elle démontre l’impasse de la financiarisation de nos entreprises, de nos outils de travail et de la soi-disant transition écologique sans gestion sociale. »

Rappelant les suppressions d'emplois à Gardanne-Meyreuil « 200 emplois directs et 500 en tout », elle poursuit :  «A la CGT on a toujours lié les enjeux sociaux à ceux environnementaux mais il faut trois conditions qui n’ont pas été respectées ici. L’anticipation, la sécurisation des emplois et un travail de transformation industrielle en lien avec les salariés qui sont parmi les plus compétents en la matière. »

On a un projet exemplaire pour associer le social, l’économique et l’environnemental

Alors que le pays est contraint d’importer son énergie d’Allemagne, où la production est la plus carbonée, et après la réouverture de centrales à charbon sans réflexion environnementale, Sophie Binet informe qu’elle interpellera le gouvernement pour soutenir le projet de méthanation des salariés de la centrale, en tant que projet d’avenir consistant en une production de gaz innovante répondant à un triple intérêt : « garantie de l’indépendance énergétique en France, protection environnementale avec la réutilisation de déchets de bois et un approvisionnement local et à moindre conséquences de gaz à effets de serre, et un intérêt social permettant la reprise de l’ensemble des salariés en répondant au besoin énergétique. »

Pour cela, la CGT fixe une date limite à la mi-mai, précise la secrétaire générale : « Il nous faut d’ici le 15 mai, des réponses claires à toutes ces questions. » Dès lundi prochain, la secrétaire générale de la CGT enverra un courrier à la Première ministre pour la réembauche et la formation des salariés dans le cadre de ce nouveau projet, la fixation d’un nouveau prix de fourniture du méthane pour une indépendance énergétique en France et le maintien de la production biomasse en clarifiant l’aspect environnemental. « On a un projet exemplaire pour associer le social, l’économique et l’environnemental », conclut Sophie Binet en rappelant l’exemple du site de Cordemais, en Loire-Atlantique.