26 septembre 2018 | Mise à jour le 26 septembre 2018
Place Vendôme, rue de la Paix, place de la Madeleine, si ces noms évoquent pour beaucoup le chic et le luxe, c'est une tout autre histoire pour les salariés des grands hôtels de ces quartiers de la capitale…
L'appel à la grève lancé par l'US-CGT du Commerce, de la distribution et des services et la CGT-Hôtels de prestige et économiques (HPE) à l'attention des personnels de trois établissements hôteliers des beaux quartiers parisiens a manifestement été bien entendu. Portiers, femmes de ménage, commis de salle, équipiers, réceptionnistes et autres salariés, ils étaient près de 200 à battre le pavé ce mardi midi pour dénoncer leurs conditions de travail.
À l'hôtel de Vendôme tout d'abord. Ce « cinq étoiles » de luxe — comptez plus de 2 600 euros pour la suite présidentielle, petit déjeuner compris — appartient au groupe suisse Chopard. Après l'annonce par la direction, en mai dernier, de gros travaux de rénovation pour une durée de deux ans, c'est tout le personnel, soit une cinquantaine de personnes, qui est menacée de licenciements. « L'idée, c'est de mettre tout le monde dehors », explique Didier Del Rey, de l'US CGT Commerce. « De licencier pour motif économique, mais sans préciser de plan de sauvegarde de l'emploi comme cela a pu se faire lorsque d'autres grands hôtels comme le Crillon ou le Ritz ont dû fermer pour cause de travaux. » En résumé, laisser Pôle Emploi gérer la question. Difficile à avaler pour le personnel et leurs représentants qui, pour certains depuis plus de vingt ans, se battent pour assurer un service de qualité.
Le service justement, c'est le point noir pour les salariés du Park Hyatt Madeleine et du Park Hyatt Paris Vendôme, deux établissements de la chaine américaine Hyatt Hotels Corporation. « Les actionnaires en veulent toujours plus et il est maintenant question de revoir les accords d'entreprises », précise Didier Del Rey, qui s'attend à devoir batailler ferme pour protéger les acquis.
Malaise dans la profession
À ce combat des employés s'est joint celui des femmes de ménage, lesquelles, employées par une société extérieure, la STN, demandent leur « internalisation » afin d'être intégrées sur les listes du personnel. Ce qui les mettrait sur un pied d'égalité avec les autres salariés, notamment en termes de droits syndicaux. Cela assurerait aussi à ces femmes une stabilité de l'emploi et mettrait fin à une précarité justifiée par une clause de mobilité qui les laisse à la merci du bon vouloir de la STN.
« Cette manif témoigne du mal-être qui règne dans la profession », prévient Didier, qui rappelle qu'« il manque 100 000 personnes dans les HCR [hôtels, cafés, restaurants, NDLR] ». Avec une grande question, aujourd'hui sans réponse : « Comment attirer des jeunes quand 60 % des salariés ne gagnent que le Smic et qu'il faut travailler le dimanche, en horaires décalés, la nuit, que les heures supplémentaires ne sont pas toujours payées… ? » Leur dire de traverser la rue ne suffira pas comme argument…
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