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A l’heure de l’élection du Labour 1/2

9 septembre 2015 | Mise à jour le 3 mars 2017
Par | Photo(s) : Giannis Papanikos/AFP
A l’heure de l’élection du Labour 1/2

Alors que le programme d'austérité du gouvernement conservateur se poursuit, un nouveau leader « à gauche toute » émergerait au Parti travailliste. D'un côté, le gouvernement conservateur renforce sa politique d'austérité et lance un projet de loi anti-syndical sans précédent pour se prémunir des conséquences attendues. De l'autre, Jeremy Corbyn, un « absolute outsider » du Labour, pourrait remporter les élections du Parti travailliste.

D'abord, quel est ce contexte social et économique particulier ? Et quelles sont les dispositions précises de cette « loi sur les syndicats » (Trade Union Bill) qualifiées de « plus grande répression syndicale lancée par les conservateurs depuis 30 ans » par le quotidien The Guardian ? Ensuite, qui est ce candidat inattendu, ancien syndicaliste, à l'opposé des « Blairistes », à la gauche de la gauche, qui s'attire la sympathie d'un large spectre partisan et qui remplit les salles de meetings ?

Quelles sont ses propositions concrètes et que signifie le phénomène « Corbyn » alors que plusieurs mouvements citoyens de gauche essaiment en Europe ?

Un décryptage en deux volets, à la veille du verdict des élections aux primaires, samedi 12 septembre. Le premier, aujourd'hui, sur La peau de l'État social et La peau du droit de grève.

LA PEAU DE L'ÉTAT SOCIAL 1/2

D'abord, quel est ce contexte social et économique particulier ? Et quelles sont les dispositions précises de cette « loi sur les syndicats » (Trade Union Bill) qualifiées de « plus grande répression syndicale lancée par les conservateurs depuis 30 ans » par le quotidien The Guardian ? Ensuite, qui est ce candidat inattendu, ancien syndicaliste, à l'opposé des « Blairistes », à la gauche de la gauche, qui s'attire la sympathie d'un large spectre partisan et qui remplit les salles de meetings ?

Quelles sont ses propositions concrètes et que signifie le phénomène « Corbyn » alors que plusieurs mouvements citoyens de gauche essaiment en Europe ?

Un décryptage en deux volets, à la veille du verdict des élections aux primaires, samedi 12 septembre. Le premier, aujourd'hui.

100 % CONSERVATEUR, 100 % D'AUSTÉRITÉ

Les Tories (Parti conservateur) se sont retrouvés confortés par les résultats des élections législatives de mai dernier, qui leur ont conféré la majorité absolue des sièges. Face à des sociaux-démocrates (les Lib-Dems) en perte de vitesse – avec lesquels il avait gouverné jusqu'ici – et un Parti travailliste au tapis, David Cameron a la voie libre pour poursuivre la politique d'austérité initiée il y a cinq ans.

À peine reconduit, son gouvernement a lancé un nouveau train de mesures pour réduire la dette publique, avec 30 milliards de livres (42 milliards €) de coupes prévues, dont 12 milliards de livres de dépenses sociales d'ici 2020, via un abaissement du plafond annuel des allocations, une réduction des crédits d'impôt ainsi qu'une baisse des aides aux logements, alors qu'à Londres les loyers sont les plus chers au monde.

IMPÔTS BAISSÉS ET ALLOCATIONS SUCRÉES

À partir de la prochaine année fiscale (avril 2016 – mars 2017), les crédits d'impôt liés à l'activité professionnelle seront réduits, tandis que ceux liés à la famille cesseront à partir du troisième enfant. Les allocations seront ainsi plafonnées à Londres à 23 000 livres par an contre 26 000 auparavant, soit environ 2 000 livres de perte pour une famille aux revenus moyens. Le plafonnement descendant à 20 000 livres annuelles en dehors de la capitale.

Le gouvernement espère ainsi 6 milliards de livres d'économies dans un système qui en coûte 30 milliards et aide 4,5 millions de familles. « Nous devons passer d'une société de bas salaires, de dépenses sociales élevées et d'impôts élevés à une société de hauts salaires, de dépenses sociales basses et d'impôts bas », résumait le ministre des Finances, George Osborne, qui n'hésite pas à agiter le spectre de la situation grecque pour faire passer la pilule à l'opinion publique.

LES DERNIERS SERVICES PUBLICS PRIVATISÉS

Car elle n'est pas dupe. La privatisation des chemins de fer a entraîné une dégradation des conditions de transport et un renchérissement de leurs coûts : entre 2010 et 2015, les tarifs ont augmenté de près de 25 % alors qu'ils étaient déjà parmi les plus onéreux en comparaison internationale. Dans les services publics, la santé en particulier, d'importantes coupes budgétaires ont été opérées et des contributions plus élevées devraient être imposées aux patients dans les mois qui viennent…

Accusé de mener une politique anti-sociale aggravant les inégalités, alors que lui met en avant les bons résultats économiques de son mandat – un taux de chômage à 5,5 % et une croissance de 2,8 % en 2014 –, l'exécutif s'est vu remis en question à peine plus d'un mois après les élections (le 20 juin) par des dizaines de milliers de personnes manifestant, dans les rues de Londres, Liverpool et Glasgow.

Pour réduire l'endettement de l'État qui flirte avec les 90 % du produit intérieur brut, le gouvernement va également continuer les privatisations. Il a prévu de vendre les 30 % des services postaux publics qui lui restait depuis qu'une majorité du capital avait été placée en bourse dès l'automne 2013.

UNE AUSTÉRITÉ ASSUMÉE POUR DES RÉSULTATS ABSENTS

Pourtant, la radicale politique d'austérité menée depuis 2010 n'a pas permis de réduire un déficit public encore à 5,2 % lors de l'année budgétaire 2014 – 2015. Le gouvernement a promis de parvenir à l'équilibre budgétaire dès l'année 2018 – 2019, avec 13 milliards de livres de coupes prévues dans les ministères. Dans ce contexte, 100 % austérité, les syndicats sont à cran. « Les conservateurs projettent de durcir les conditions sociales dans le pays sur de multiples sujets et ils veulent se prémunir des réactions prévisibles », explique Christian Dufour, sociologue et chercheur au Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail.

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