C'est une fierté. Un symbole fort. 28 août, fin de matinée. Gémenos, dans les Bouches-du-Rhône. Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, appuie sur le bouton qui lance les chaînes de production des thés et infusions de la marque 1336. Comme les 1336 jours de lutte de ceux que l'on appelait les « Fralib » pour conserver leur activité en France. Emancipés depuis mai 2014 de leur ancien groupe, Unilever, les anciens producteurs de thés Eléphant et Lipton se sont rassemblés en société coopérative ouvrière de production (Scop) pour reprendre l'activité. Fini donc le fameux Fralib, c'est une trentaine de salariés qui travaillent désormais sous le nom de Scop-Ti (Société coopérative ouvrière provençale de thés et infusions).

Les marques – 1336 et Scop-Ti – ont été officiellement lancées le 26 mai, mais là, c'est la production en tant que telle qui commence. La gamme 1336, constituée de thés et infusions aromatisés, privilégiera les produits made in France et les circuits courts ; elle sera en rayon partout en France dans les prochaines semaines. La gamme Scop-ti, elle, vise à proposer des thés « Engagés sur l’humain. Engagés sur le goût » et issus de théiers centenaires, notamment du Vietnam ; elle sera disponible dans des magasins spécialisés « plutôt sur la région sud-est, au départ ».

Tilleul, tilleul menthe, verveine, verveine-menthe et menthe douce… les petits sachets d'infusions ouvrent la marche et vont progressivement rejoindre les étalages des Casino de la région pour commencer, puis devraient s'installer dans toute la grande distribution jusqu'à ceux du réseau parisien Franprix. La machine est désormais lancée. Un projet de e-boutique en vue de ventes directes avec la maison mère et un prochain référencement sur la plateforme Maxi-coffee en vue d'un partenariat de vente permettrait d'élargir le réseau de distribution et de mieux faire connaître ces deux nouvelles marques « particulières », car associées à l'épopée de ses salariés.

« Il s'agissait de marquer le coup symboliquement avec la venue de notre secrétaire général pour donner le coup d'envoi, explique, fier et serein, Olivier Leberquier, représentant CGT et directeur général délégué de la structure. Notre histoire, c'est la réappropriation de l'outil industriel par les travailleurs. Or, c'est une des principales revendications de la CGT et c'est une lutte que nous avons gagnée grâce au syndicat, à ses outils, UD, UL, notre fédération, experts économiques… On se souvient bien des difficultés qu'on a connues ; nous n'avons pas de leçon à donner, mais nous sommes une preuve concrète de ce qui peut marcher face à la fatalité ou à des décisions prises par des très puissants. Et de conclure : On a pris nos responsabilités dans la création de cette Scop, mais on n'est pas des patrons. On reste des syndicalistes ».

En savoir +

? Le site de la Scop-Ti

? La vidéo sur le lancement de la marque :