Simon Delétang, planches de salut
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« Le train arrive ! Les valises bien en évidence qu'on est l'air de voyageurs. […] On sourit ! », lance Meto à ses acolytes, à chaque fois qu'une loco approche. Et les quatre compagnons de fortune de se poster sur le quai, bagages dans les bras, espérant que le train s'arrête. En vain. Normal, la gare où ils ont élu domicile est désaffectée. N'y trônent qu'une benne à ordures, deux petites tentes et pas mal de cadavres de bouteilles. Il faut dire que ces quatre paumés – Meto, ancien chef d'orchestre et sa compagne Lubka, Louko, ex-cheminot, et Doko, ancien gardien de zoo – éclusent sec. Ils attendent l'arrêt du train comme les personnages de Beckett attendent Godot, sans que l'on sache vraiment pourquoi. Pour échanger leurs valises vides contre des valises pleines et redescendre ? Pour voyager comme tout le monde ? Mais les trains ne font que passer. Au mieux, les passagers balancent au passage quelques bouts de sandwich et des bouteilles presque vides.
Jusqu'au jour où atterrit Hari, un illusionniste, capable de faire apparaître tout un tas de choses comme Katia, l'ourse défunte que Doko pleure ou des billets pour le 20 août… Il peut même stopper un train contre une copieuse ration d'alcool, histoire de tenir… un mois. Pourquoi un mois, alors qu'il ne faut que quelques minutes pour arrêter un train ? « Vous allez entrer dans un monde nouveau et très différent de ce que vous avez connu, il faut que vous y soyez préparés. » Grâce à Hari, la bande de pieds nickelés peut se mettre à rêver d'un ailleurs salvateur. Louko, l'ancien cheminot, leur livre le parcours : Prague, Varsovie, Berlin, Oslo, Vancouver, San Francisco, Los Angeles, New York…
La pièce Orchestre Titanic, écrite par le Bulgare Hristo Boytchev en 2002 – quand la Bulgarie demande à intégrer l'Union européenne – pourrait être une métaphore sur ces pays de l'Est rêvant de l'Ouest, sur l'Europe qui chavire comme le Titanic, sur les laissés-pour-compte à qui on ne jette que des miettes. Elle est sans doute un peu tout ça et plus encore. De ce théâtre de l'absurde s'échappent des questions universelles sur la fragilité des frontières entre illusion et réalité. Comme le déclare Hari : « Le monde entier est un Titanic et nous en sommes les passagers. L'illusion est la seule fuite possible. » Cette partition hautement poétique, entre loufoquerie et tragédie, est servie par d'excellents comédiens qui nous embarquent très loin.
Orchestre Titanic, mise en scène de Philippe Lanton. Le 7 janvier, au Théâtre des Deux-Rives à Charenton-le-Pont et du 10 janvier au 5 février, au Théâtre de l'Aquarium à la Cartoucherie.
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