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Industrie automobile

Renault : la chute du modèle Ghosn

5 décembre 2018 | Mise à jour le 6 décembre 2018
Par | Photo(s) : Kazuhiro Nogi / AFP
Renault : la chute du modèle Ghosn

L'arrestation, au Japon, de Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan-Mitsubishi le 19 novembre dernier rebat les cartes du mastodonte mondial de l'automobile. Le patron cost killer est accusé de fraude et/ou d'abus de bien sociaux.

Les salariés de Renault sont scandalisés, mais ils s'inquiètent aussi de la remise en cause de l'alliance Renault-Nissan. Qu'en sera-t-il des véhicules de la gamme Nissan-Mitsubishi produits en France ? L'usine de Flins, qui fabrique la Nissan Micra, retient son souffle. Maubeuge ou Sandouville pourraient aussi être privées de la production d'autres modèles Nissan ou Mitsubishi, que Ghosn leur avait promise.

Deux hypothèses

Pour Fabien Gâche, délégué syndical central CGT, deux hypothèses se posent aujourd'hui : « Il y a le risque de la remise en cause de l'alliance Renault-Nissan auquel poussent les actionnaires avec l'objectif de la valorisation boursière. Il s'agirait d'une absorption de Renault par Nissan, situation dans laquelle l'État cèderait ses parts. Dans ce cas, c'est Nissan seul qui déciderait de l'avenir de Renault en France comme au plan international. » Une situation industrielle dangereuse, qui supposerait la suppression des doublons et la disparition potentielle de l'ingénierie de Renault.

La seconde hypothèse est que l'alliance reste en l'état. « Mais si Renault ne change rien à sa stratégie, cela ne résout pas non plus les problématiques actuelles. Renault France emploie aujourd'hui 22 000 salariés de moins qu'en 2005. Un si grand nombre de départs fragilise l'entreprise. En 2004, 53 % du volume total des véhicules Renault particuliers fabriqués en Europe (Turquie comprise) étaient produits en France. Cette proportion est aujourd'hui tombée à 19 %. Carlos Ghosn confirmait récemment sa volonté de poursuivre les externalisations tout en expliquant que les services pouvaient être aussi rentables que le produit… », poursuit le syndicaliste.

Face à l'une ou l'autre de ces hypothèses, la CGT envisage d'interpeller Renault et l'État. Le syndicat demande que Renault gagne une autre autonomie et réoriente sa stratégie. « On souhaite notamment redévelopper l'ingénierie pour aller vers de l'innovation de produits qui ont toujours fait le succès de Renault », explique Fabien Gâche.

Lors du Mondial de l'automobile en octobre dernier, la coordination CGT Renault plaidait pour que les volumes de production soient rééquilibrés entre les usines européennes. Alors que la firme au losange ne parie pour l'avenir qu'au travers de la voiture électrique, le syndicat préconise une diversification des motorisations.

Engager d'autres pistes de développement suppose aussi que l'ingénierie Renault puisse se réapproprier l'innovation et les métiers. Plutôt que de poursuivre sur la voie de l'affaiblissement de l'emploi, de la dégradation des conditions de travail et des plans de compétitivité, réinvestir dans la filière automobile française serait la meilleure façon d'en finir avec les années Ghosn.