Julien Pitard, éducateur de football
Julien forme les moins de 15 ans (U15, équivalente aux cadets) du Red Star Football Club, qui tous ne rêvent que d’une chose : devenir joueur professionnel et rejoindre un... Lire la suite
Découpe princesse, forme cintrée… Sur le dessin croqué par le styliste, la veste a fière allure. Mais pour que l'esquisse prenne vie et se mue en vêtement, il faudra bien des tours de magie !
Partenaire du styliste, le modéliste doit s'assurer que sa création est respectée et passe de l'imagination d'un dessin à… un vêtement bien conçu.
Nous voilà aujourd'hui, parmi une vingtaine d'apprentis modélistes, en cours de moulage dans les locaux de l'Académie internationale de coupe de Paris (AICP). La technique consiste, à partir d'une toile ajustée sur un buste, à dessiner un patron en papier.
L'objectif ? Réaliser un prototype qui aboutira, à l'issue de divers essayages sur mannequins, et échanges avec le styliste, à une fabrication du vêtement en série. Les élèves ont deux jours pour parfaire leur délicat ouvrage.
Mètres rubans enroulés autour du cou, épingles pincées entre les lèvres, ils se concentrent dans un silence quasi monacal. Se faufilant entre les bustes, Agnès traque la moindre approximation. Le ton est ciselé, mais jamais tranchant. « Sandrine, vous n'avez pas réfléchi aux mesures de passepoil (cordon destiné à border un ouvrage.). Baptiste, votre épinglage me surprend ! »
Elle fait virevolter ses mains pour corriger ou ajuster.
Prestidigitatrice ? Certes, ni diablerie, ni sorcellerie dans les règles de l'art patiemment édictées. Mais perché sur son droit fil, le modéliste doit assurément composer un beau numéro d'équilibriste : être un orfèvre de la couture bien sûr, mais aussi connaître le corps humain et se soumettre aux impératifs de la physique : « Le calcul d'angles n'a pas de secret pour nous. Le tissu doit être perpendiculaire au sol, avoir un tombé impeccable, tout comme le maçon doit avoir son mur droit ! »
Pas simple quand on jongle avec diverses matières : si la laine se travaille facilement, la cruelle mousseline au flou vaporeux glisse entre les doigts du novice. Un supplice.
De ses années passées dans diverses enseignes de prêt-à-porter puis dans le monde du spectacle, et notamment à la Comédie-Française, « là où le vêtement fait partie du show ! », Agnès a tiré nombre de fils d'or qu'elle a transformés en conseils prodigués à ses élèves : « Il faut aimer travailler dans l'urgence, ça booste la créativité. »
Mais celle qui répète à l'envi « chaque chose à sa place et une place pour chaque chose » exhorte aussi ses apprentis à se libérer. « À un certain stade, la technique peut être inhibitrice de la création, or il faut aussi se lâcher pour créer, mais cette liberté-là, c'est comme la sagesse, elle s'acquiert avec le temps. »
Paru dans Ensemble La CGT n°86 de mars 2016
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Reporter-photographe. Inquiet des difficultés traversées par le secteur et un grand nombre d’indépendants, le photographe de REA continue pourtant de croire à l’avenir de... Lire la suite