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ÉLECTIONS

Assistants parlementaires : le choc de la dissolution

25 juin 2024 | Mise à jour le 25 juin 2024
Par | Photo(s) : Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Assistants parlementaires : le choc de la dissolution

Ils ont appris leur licenciement à la télévision le 9 juin. Avec l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République, 2000 collaborateurs parlementaires se sont retrouvés licenciés du jour au lendemain, pour certains sans droits. Ils racontent la brutalité d'une décision qui ouvre la possibilité d'une arrivée au pouvoir du Rassemblement national.

Durant la soirée électorale du 9 juin, Julie Cutilas s'était levée pour prendre un verre d'eau quand sa sœur lui a crié qu'Emmanuel Macron venait de dissoudre l'Assemblée. « Tout s'est effondré. C'était à la fois un choc personnel et politique. Non seulement je venais de perdre mon boulot mais cela ouvrait la possibilité que le RN arrive au pouvoir », se remémore cette collaboratrice parlementaire. Basée en circonscription dans l'Hérault, la jeune femme employée par un député LFI est syndiquée à la CGT. « Presque aussitôt, j'ai eu des messages des camarades de mon syndicat pour nous informer de comment ça allait se passer sur le plan contractuel. On savait que notre métier était précaire, mais là on en a eu la démonstration ».

Les petites mains dans l’ombre

Débarqués avec l'éviction de leur député, les 2000 collaborateurs parlementaires qui les assistaient dans leur mandat se sont retrouvés poussés sans ménagement vers la porte de sortie de l'hémicycle. « ça a été très brutal. Vous avez dix jours pour faire vos cartons et dégager sans aucune directive, aucun process sur la façon de faire, dénonce Manon Amirshahi, secrétaire générale du syndicat CGT des collaborateurs parlementaires. L'Assemblée nationale réfute tout lien d'employabilité alors que nous avons un cadre de travail partagé avec les députés, on fait le même travail. Mais on est juste les petites mains dans l'ombre ». Dépourvus de grille de salaire et de convention collective, les collaborateurs parlementaires de l'Assemblée nationale s'étaient mis en grève le 7 novembre dernier pour alerter l'opinion sur la précarité de leur profession. Sans résultat. Dans le contexte de la dissolution, le syndicat a demandé à ce que les salaires des assistants soient maintenus jusqu'en septembre. Une disposition inexistante en France, alors que leurs homologues au Parlement européen bénéficient d'un maintien de salaires durant deux mois pendant les périodes de transition politique afin d'assurer un filet minimum de sécurité.

« Un mégalo vous vire en dix minutes à la télé, c'est violent »

Employés directement par les députés qui rédigent leurs contrats de travail, les « collab' » ignorent pour une grande partie d'entre eux s'ils seront reconduits après les élections où s'ils atterriront à la case chômage. « Un mégalo vous vire en dix minutes à la télé, c'est violent, grimace Laurent Pernet, employé par une députée LFI dans une circonscription de Dordogne. Certains collègues ont écrit leur propre lettre de démission. Et avec le fort turn-over, il y a environ un collègue par cabinet qui est là depuis moins de six mois. Ils ne vont avoir droit à rien, pas de primes, pas d'indemnités. »

«Le RN pourrait présenter une chaise en plastique comme candidat, elle serait élue

C'est aussi la perspective d'une déferlante de députés RN à l'Assemblée qui inquiète ces militants, pour certains déjà repartis en campagne avec leurs députés pour les législatives des 30 juin et du 7 juillet. « On a l'impression de vivre dans un monde dystopique. On voit que la digue républicaine est en train de se rompre depuis des années. Mais on a beau tracter et déployer beaucoup d'énergie, on ne maîtrise pas ce que les gens entendent quand ils allument leur radio ou leur télé. Le RN pourrait présenter une chaise en plastique comme candidat, elle serait élue », constate Julie Cutilas. « C'est la gauche aujourd'hui qui est taxée de fascisme, d'antisémitisme alors que le programme du RN est basé sur le rejet de l'autre et le repli sur soi, sur la xénophobie. On n'est plus des amis de la République alors que le Nouveau Front populaire porte un projet pour améliorer la vie des gens. C'est de la manipulation de masse médiatique ! », s'indigne Laurent Pernet.

Sursaut

A nouveau en campagne aux côtés de son député sous pavillon NFP dans l'Hérault, Julie Cutilas se réconforte du sursaut du peuple de gauche. « Heureusement qu'il y a cette effervescence, cela tient en vie et cela permet de continuer à lutter. Face aux folies que pourraient commettre Emmanuel Macron avec un hémicycle ingouvernable, il va falloir rester en ordre de bataille et maintenir l'union de la gauche ». Mobilisée pour faire barrage au RN, la CGT a appelé à voter pour les candidats du Nouveau Front populaire.