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ATD Quart Monde invite à l’action

23 mars 2017 | Mise à jour le 24 mars 2017
Par | Photo(s) : DR
ATD Quart Monde invite à l’action

Pour ATD Quart Monde, 2017 marque, entre autres anniversaires, les 100 ans de la naissance de son fondateur, le père Wresinski, et les 30 ans du rapport qu'il avait fait au Conseil économique et social, « Grande pauvreté et précarité économique et sociale ». En cette année particulière pour ADT Quart Monde, le mouvement appelle encore et toujours à « agir contre la pauvreté ».

Cette année, le mouvement ATD Quart Monde fête à la fois le centième anniversaire de la naissance de son fondateur, Joseph Wresinski (c'était le 12 février à Angers), les 60 ans de la création par celui-ci d'Aide à toute détresse (qui deviendra ATD Quart Monde) et les 50 ans de sa branche enfance, Tapori. Enfin, 2017 marque également le 30e anniversaire de deux actes fondateurs du père Joseph Wresinski : la création de la Journée mondiale du refus de la misère célébrée chaque 17 octobre et le 30e anniversaire du « rapport Wresinski », « Grande pauvreté et précarité économique et sociale ».

La misère bafoue les droits de l'homme

Deux dalles sont scellées sur le parvis du Trocadéro à Paris. L'une l'a été le 17 octobre 1987, à l'initiative du père Wresinski, fondateur d'ATD Quart Monde. On peut y lire que ce jour-là « des défenseurs des droits de l'homme et du citoyen de tous pays se sont rassemblés sur ce parvis. Ils ont rendu hommage aux victimes de la faim, de l'ignorance et de la violence. Ils ont affirmé leur conviction que la misère n'est pas fatale. Ils ont proclamé leur solidarité avec ceux qui luttent à travers le monde pour la détruire. Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l'homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré. Père Joseph Wresinsky ». Car en effet, l'autre dalle qui proclame que « les hommes naissent libres et égaux en droits » avait été posée deux ans auparavant, après que François Mitterrand, alors président de la République, a fait renommer le parvis « parvis des Droits de l'homme ».

Une année d'invitation à l'action pour relancer la lutte contre la pauvreté

2017 est donc une année particulière pour ATD Quart Monde. Ne voulant pas « se contenter de souffler des bougies », le mouvement a décidé d'engager de multiples actions tout au long de l'année pour « mobiliser, inviter les personnes à agir, à rejoindre les acteurs associatifs, culturels, ceux qui agissent localement pour construire une société autrement », indique son communiqué. Notons, parmi celles-ci, l'organisation le 14 février dernier d'une plénière exceptionnelle au Conseil économique social et environnemental ; le lancement d'une application « Entourage-ATD Quart Monde », qui permet d'être mis en réseau notamment avec d'autres personnes engagées ; la diffusion par le Mouvement international ATD Quart Monde et le Comité international 17-octobre d'un « Appel à l'action pour une société autrement » déjà signé par de nombreuses personnalités via un site dédié.

Afin de toucher de nouveaux publics, la fameuse campagne « En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté » prendra cette année la forme d'une bande dessinée publiée le 30 mars et regroupant dix histoires (de Phil Aubert de Molay, Greg Newman et Tito), puis de courts métrages (Costa Gavras, Xavier Beauvois, Charles Berling, Zabou Breitman…) qui seront diffusés en salles à l'occasion de la Journée mondiale du refus de la misère. Conférences et colloques, concerts et spectacles, concours de nouvelles, etc., sont également au calendrier des manifestations. Le point culminant de la mobilisation aura lieu le week-end des 14 et 15 octobre avec un grand rassemblement à Paris. Enfin, un « 24 heures sur les ondes » diffusé en direct à travers le monde entier est prévu pour la Journée mondiale du refus de la misère.

Lutte contre la pauvreté : le CESE revendique l'héritage de l'« avis Wresinski »

Le 14 février dernier Conseil économique social et environnemental (CESE) a également voulu mettre en avant l'actualité toujours vivace du rapport Wresinski. Pour cela il a tenu une séance plénière exceptionnelle intitulée « 30 ans de lutte contre la pauvreté et maintenant ? » en présence de François Hollande. En effet, il y a trente ans, le Conseil économique et social (CES), devenu depuis le CESE, adoptait un avis qui était inspiré du rapport « Grande pauvreté et précarité économique et sociale » de Joseph Wresinski, fondateur d'ATD Quart Monde

Cet avis a fait date à plus d'un titre. Pour la première fois un rapport donnait la parole aux personnes concernées et proposait une définition de la pauvreté (elle sera retenue par l'ONU : « La précarité est l'absence d'une ou plusieurs sécurités, notamment celle de l'emploi, permettant aux personnes d'assumer leurs obligations professionnelles, familiales et sociales, et de jouir de leurs droits fondamentaux. ») Par ailleurs, il invitait la collectivité à considérer « la lutte contre l'exclusion sociale comme une priorité nationale ». Plus concrètement, le rapport préconisait des expérimentations qui, plus tard, donneront naissance au revenu minimum d'insertion (RMI) créé en 1988, à la couverture maladie universelle (CMU) adoptée en 1999 ou encore au droit au logement opposable (DALO, 2007), enfin, en 2016, à l'expérimentation de « Territoires zéro chômeur de longue durée ».

Certes, il est parfois encore difficile de faire vivre ces droits nouveaux pour les plus démunis : le DALO se solde difficilement par des attributions de logements, il arrive encore que des dentistes refusent la CMU, etc. Et dans ces situations, peu de moyens sont prévus pour contraindre les contrevenants à se plier aux dispositifs existants. Nul ne pourra cependant nier les répercussions sociales et politiques positives en France, en Europe et dans le monde du rapport Wresinski. C'est pourquoi, trente ans plus tard, le CESE s'est engagé à se saisir de l'héritage de l'avis qu'il avait voté sur le rapport Wresinski et à le revendiquer en votant une résolution le 14 février 2017 (189 voix pour et 1 abstention). Il y affirme sa volonté d'« appréhender la lutte contre la grande pauvreté dans sa globalité », indique son communiqué. « C'est un défi collectif qui touche toutes les dimensions de la société. Fort de ce constat posé il y a déjà trente ans, le CESE réaffirme aujourd'hui son engagement à poursuivre la lutte contre la pauvreté. »

« La nécessaire coopération entre syndicalisme et associations »

Le CESE est la seule assemblée où acteurs économiques et sociaux engagent ensemble une réflexion et font des propositions. Lors de la plénière du 14 février, deux représentants de la CGT, Gérard Alezard et Jean-François Naton, ont donc été invités à intervenir, aux titres, respectivement, d'ancien conseiller et de vice-président du CESE. Les débats très vifs qui en 1987 ont émaillé les discussions entre syndicalistes CGT et associations autour du rapport Wresinski ont bien évidemment été rappelés. Les mêmes qui aujourd'hui se font jour autour des expérimentations « Territoires zéro chômeur de longue durée ».

Sur la question de la grande pauvreté et de l'exclusion, l'un des enseignements aura été celui de «  la nécessaire coopération entre syndicalisme et associations », a constaté Gérard Alezard lors de son allocution. Étaient autant concernés, à l'époque, les associations – craignant d'être récupérées –, que les syndicalistes CGT méfiants quant à une hypothétique institutionnalisation de la pauvreté. La CGT se sera finalement abstenue plutôt que de voter contre l'avis émis sur le rapport Wresinski. Reste qu'en 2017, le devoir « d'action publique et citoyenne » contre la pauvreté et « pour l'accès de tous aux droits de tous » demeure intact, a conclu Gérard Alezard. Cela, pour que « le prochain bilan anniversaire ne soit pas celui d'un nouveau constat de la misère, mais exprime la satisfaction [du] devoir accompli ».