Au milieu coule une rivière
Née à San Sebastian, Dolorès Redondo a trouvé à Elizondo (Navarre), dans la vallée où coule la Baztán (la Bidassoa), le décor idéal pour sa trilogie où le réel et le mythe se mêlent intimement. Imprégnée des fantômes du passé, la petite ville où elle fait naître son héroïne, l'enquêtrice Amaïa Salazar et où celle-ci était revenue s'installer dans le premier volet «Le gardien invisible» est terre de légendes. Mais aussi d'histoire violente puisque trente-sept femmes y furent condamnées à mort pour sorcellerie et que l'Inquisition y fut particulièrement féroce.
Dans «De chair et d'os», comme pour le précédent roman, la rivière est un élément-clé. Lieu fondateur, mais aussi espace de tous les dangers où naissent crimes et esprits protecteurs, la Baztán serpente dans la vallée et dans l'inconscient d'Amaïa, qui donnera d'ailleurs à son nouveau-né le prénom d'Ibai (la rivière en basque).
Devant jongler entre sa maternité et un métier prenant, Amaïa Salazar doit aussi se confronter aux démons qui marquent une famille matriarcale aux personnalités pour le moins tranchées. Et en premier lieu à sa propre mère, internée depuis des années pour schizophrénie…
Les crimes perpétrés dans cette nouvelle enquête ont à la fois une dimension rituelle, archaïque et un versant qui va ravir les amateurs de romans à tueur en série. À mi-chemin d'un irrationnel ancestral et de techniques modernes de profilage, l'inspectrice mène une enquête aussi sinueuse, trouble et profonde que la rivière, un parfait régal qui augure bien du dernier volet, pas encore traduit en France.
La trilogie a été adaptée en bande-dessinée en Espagne et les droits cinématographiques ont été achetés par le même producteur qui a acquis ceux de «Millenium» et des romans d'Henning Mankell…
«De chair et d'os».
De Dolorès Redondo,
traduit de l'espagnol par Anne Plantagenet.
Éditions Mercure de France/Mercure Noir.
550 p, 25,50 euros.
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Dolorès Redondo présente «De chair et d'os»