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HISTOIRE

Aux origines de la fête des travailleurs et travailleuses

30 avril 2025 | Mise à jour le 30 avril 2025
Par | Photo(s) : DR
Aux origines de la fête des travailleurs et travailleuses

Le 1er mai commémore les massacres de Haymarket Square, à Chicago en 1886.

Le 1er mai marque la journée internationale des travailleurs et travailleuses, souvent appelée fête du Travail. L'occasion de revenir sur l'histoire de ce jour férié et chômé, des luttes qu'il cristallise, et des instrumentalisations dont il est l'objet.  

Le 20 juillet 1889, l'Internationale socialiste, une organisation réunissant les partis socialistes et ouvriers européens, décide de faire du 1er mai une journée de manifestations pour l'obtention de la journée de travail de8 heures, plutôt que les 10 heures minimum alors en vigueur.  

Le 1er mai est aujourd'hui un jour férié célébrant les droits des travailleurs et travailleuses dans la plupart des pays, à l'exception notable des États-Unis. La date a pourtant initialement été choisie pour commémorer des manifestations américaines.  

Les massacres de Haymarket Square 

Chicago, alors grande place industrielle située dans l’Etat de l’Illinois, est aussi le théâtre d'importantes luttes sociales à la fin du XIXe siècle. Le 1er mai 1886, les ouvriers de l'usine de matériel agricole McCormick organisent un rassemblement pacifique pour revendiquer la réduction du temps de travail. 200 policiers chargent les militants à la fin de la mobilisation, et tuent deux personnes. 

Trois jours plus tard, un nouveau rassemblement a lieu à Haymarket Square, cette fois-ci pour protester contre les violences policières. Mais une bombe est lancée, tuant sept policiers, et les autres agents tirent sur la foule. Au moins quatre militants meurent et des dizaines sont blessés.  

La justice condamne huit hommes, à tort, pour l'organisation des attaques, lors d'un procès dont la partialité est aujourd'hui largement reconnue.August Spies, Albert Parsons, George Engel et Adolph Fischer sont pendus, Louis Lingg se suicide en prison. Quant à Michael Schwab, Oscar Neebe et Samuel Fielden, ils sont graciés en 1893.  

Ce sont ces événements, connus sous le nom de «massacres de Haymarket Square» (Haymarket affairs, en anglais) que la Seconde Internationale souhaite commémorer en instaurant le 1er mai comme jour des travailleurs. Aux États-Unis, ce jour n'est pas férié, à l'inverse du Labor Day, jour du travail, tous les premiers lundis de septembre, une fête moins marquée par l'héritage ouvrier et syndicaliste.  

Bataille sémantique  

En France, il faudra attendre 1919 pour que la journée de travail de huit heures soit instituée, et 1941 pour que le 1er mai devienne officiellement un jour férié et chômé. Le régime de Vichy, mené par le maréchal Pétain, y voit une occasion de propagande, en détournant une date symbolique affiliée à la gauche pour la dépolitiser. Il l'appelle «fête du Travail et de la Concorde sociale», éliminant tout l'héritage militant de cet événement. C'est notamment pour cela qu'aujourd'hui encore, le choix de dénomination entre «fête des travailleurs» et «fête du travail» suscite des débats politiques.  

La loi qui instaure cette fête est nommée ainsi d'après René Belin, ancien secrétaire général adjoint de la CGT, ensuite devenu ministre du Travail sous le gouvernement Pétain. Le jour férié est supprimé à la fin de la guerre, puis réinstauré sans sa dénomination, pour prendre des distances avec l'ancien régime de Vichy.  

Pendant les guerres d'Indochine et d'Algérie, les défilés sont interdits. Le 1er mai n'est donc plus célébré publiquement entre 1954 et 1968. Cette année-là, la CGT organise une grande manifestation. Depuis, la tradition perdure. Cette année, la CGT défilera aux côtés de la FSU, de Solidaires et d’une délégation de syndicalistes étrangers tels que Esther Lynch, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats, Nick Allen du syndicat américain SEIU ou encore de Rafael Lamas de la FGTB Belge. Près de 260 manifestations auront lieu dans toute la France.