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Les 70 millions d'euros mis sur la table en juin dernier par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn – dont 55 pour des primes – n'ont pas suffi à freiner la crise des urgences qui s'est ouverte en mars. Ce lundi 2 septembre, alors que les paramédicaux de la moitié des services d'urgences des hôpitaux publics (239 selon le collectif Inter-Urgences) sont en grève, la ministre a tenté une nouvelle manœuvre pour désamorcer le conflit : une semaine avant de recevoir tous les acteurs du secteur (syndicats, fédération hospitalière, représentants des médecins libéraux, collectif Inter-Urgences…), elle s'est rendue à l'hôpital de Poitiers pour présenter les grandes pistes de son plan pour les urgences.
Issues de la « mission urgences » confiée en juin au chef du Samu de Paris, Pierre Carli, et au député LREM de Charente, Thomas Mesnier, dont le rapport est attendu pour le mois de novembre, les mesures annoncées sont des « remontées du terrain », a précisé Agnès Buzyn. Elles visent surtout à limiter les arrivées dans les services d'urgences pour réserver celles-ci aux seules situations graves et vitales. De nouvelles dispositions qui s'appuient sur le développement d'une offre en ville – les médecins généralistes étant remis au cœur du système – et un changement de modèle pour la prise en charge des personnes âgées dépendantes.
Concrètement, concernant les personnes âgées, la ministre préconise de « réduire au maximum [leur] passage » aux urgences. Pour ce faire, des « filières d'admission directe » dans les services de médecine seront généralisées moyennant une « incitation financière aux hôpitaux qui [les] mettront en place ». Une « vidéo-assistance entre les Ehpad [Établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, ndlr] et le Samu » devrait également être mise en place afin d’éviter les hospitalisations pour « pathologies bénignes ».
Les Samu, eux – sortant du « tout urgences » auquel ils sont actuellement contraints –, seront autorisés à envoyer une ambulance vers un cabinet de ville ou une maison de santé où les patients trouveront « le même avantage qu'à aller aux urgences ». Des consultations et certains examens médicaux pourront y être réalisés sans avance de frais (tiers payant), et ils pourront y faire réaliser certains examens de biologie et ainsi « obtenir un résultat dans des délais courts », dans le même lieu et à l'issue de la consultation.
Les personnels paramédicaux des urgences auront également le droit de « faire des gestes qu'ils ne peuvent pas faire aujourd'hui ». Par exemple, les infirmières pourront prescrire des prestations d’imagerie, la réalisation de gestes techniques tels que les sutures, ou encore des diagnostics à l'aide d'algorithmes. Avec, en contrepartie, une « prime de coopération » de 80 euros net par mois.
C'est le nouveau métier d'infirmier en pratique avancée (IPA) qui sera étendu à la spécialité « urgences », d'ici à 2020 pour l'ouverture des formations, et à 2022 pour les premiers diplômés. Une disposition prévue par la loi santé, « Ma santé 2022 », votée cet été. Destinée à libérer du temps médical pour les médecins, elle est perçue par nombre d'entre eux comme un instrument d'intensification des consultations et, à ce titre, très décriée.
Le choix de Poitiers par Agnès Buzyn, pour y faire ses annonces, tient non seulement au fait qu'à ce jour le service des urgences de cet hôpital n'est pas entré en grève mais, également, à sa pratique du « bed manager » que la ministre prévoit de généraliser. Il s'agit de « l'extension de la gestion informatisée en temps réel des lits », qui doit permettre une optimisation des lits disponibles au sein d'un établissement.
C'est probablement très bien… à condition qu'il y ait des lits disponibles. Or, l'objectif « « zéro hospitalisation-brancard » est l'une des revendications des grévistes du collectif Inter-Urgences qui réclame aussi, et entre autres choses, le gel des fermetures de lits. Autre revendication, notamment de la CGT : le desserrement de la contrainte budgétaire qui pèse sur l'hôpital.
La semaine prochaine pourrait être décisive tant pour la ministre de la Santé que pour la suite du mouvement de grève. Pour l'heure, le collectif Inter-Urgences, la CGT Santé, ou encore les organisations de médecins qui viennent de se joindre aux revendications des paramédicaux, ne se sont pas encore exprimés officiellement sur ces premières annonces. Mais il y a peu de chances pour qu'ils s'en contentent.
Pour en discuter et « adopter une motion fédératrice » qui permettra aux syndicats de médecins hospitaliers – de même qu'à d'autres secteurs comme la psychiatrie – de s'associer à leur mouvement de grève, les membres du collectif Inter-Urgences se retrouveront à la bourse du travail de Saint-Denis (93), le 10 septembre. C'est à la fois au lendemain de la réunion au ministère de la Santé et à la veille d'une journée nationale d'action dans les hôpitaux publics et privés, à l'initiative de la CGT. Le syndicat appelle « l'ensemble des organisations syndicales, associations et collectifs » à se joindre à son appel à faire grève et à manifester le 11 septembre à Paris, ainsi que dans les territoires.
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