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RESTAURATION

Les Campanile Tour Eiffel récidivent

25 mai 2017 | Mise à jour le 29 mai 2017
Par | Photo(s) : Xavier Popy / REA
Les Campanile Tour Eiffel récidivent

Hôtel restaurant Campanile.

De nouveau en grève illimitée depuis le 19 mai, les salariés de l’hôtel Campanile Tour Eiffel exigent le respect des engagements pris il y a un an par la direction à l'issue, déjà, d'un mouvement de grève à l'appel de la CGT. En jeu : la fin des discriminations, des rémunérations décentes, de meilleurs conditions de travail.

Salaires, conditions de travail, refus des discriminations… les salariés de Campanile tour Eiffel sont de nouveau en grève. Après 28 jours d’une grève dure à l'appel de la CGT (seul syndicat présent au sein de cet établissement), il y a un peu plus d’un an, laquelle se soldait par une victoire des salariés et la signature d’un accord avec la direction de l’hôtel, les salariés du Campanile tour Eiffel récidivent. La quinzaine d'employés occupe l’établissement, fermé au public depuis samedi 19 mai. Ils se disent déterminés à tenir aussi longtemps que nécessaire pour obtenir gain de cause.
Qu'est-ce qui a donc remis le feu aux poudres ? En premier lieu, le non-respect, pour commencer, des engagements pris par la direction en 2016. Et notamment une clause de « non-représailles » envers les salariés grévistes qui figure en toutes lettres au protocole de fin de conflit cosigné en 2016.

« Dès la reprise du travail, nous avons bien senti que la direction cherchait, par tous les moyens de pression, à renouveler les effectifs en ciblant en particulier le personnel qui était en grève l’an dernier », assure ainsi Mohammed Oumaouche, délégué syndical CGT et élu du personnel. Au soutien de cette thèse partagée par les quelque quinze grévistes présents sur le piquet, le cas flagrant de leur collègue Brahim. Veilleur de nuit depuis plus de dix ans au sein de l’établissement de la rue Saint-Charles, Brahim présente depuis des années des demandes réitérées de passage en horaires diurnes, en raison de problèmes de santé si sérieux que c’est la médecine du travail elle-même qui préconise cette adaptation de son poste de travail. Réponse de la direction ? Refus sur refus. Puis, à la faveur d’un congé parental d’un salarié, un poste de travail de jour est créé. Mais en recrutement externe, ce qui exclut de facto Brahim, en dépit des engagements négociés avec la CGT en 2016: « Nous avions été inflexibles sur ce point, précisant qu’il n’était pas négociable », affirme Mohammed Oumaouche.

Pour Brahim, c’est clair : soit il démissionne, soit il accepte la proposition de mise en inaptitude de la médecine du travail qui aboutira à une obligation de reclassement au sein du groupe Louvre Hotels, mais pas nécessairement dans l’établissement de la rue Saint-Charles.

Un authentique treizième mois

UES : unité économique et socialeSon existence implique un traitement indifférencié des salariés de chaque établissement de la maison mère.

Autres raisons de la colère des salariés : le versement, dès l’exercice 2017, d’un presque treizième mois – en réalité, 75 % du salaire mensuel – arraché à la direction en 2016, et dont celle-ci projette de différer le versement en 2020 au motif d’en faire un authentique treizième mois , tel qu’il est déjà mis en œuvre dans ses autres hôtels. « La direction a été contrainte de généraliser le treizième mois à cent pour cent à toutes ses filiales du fait qu'il existe déjà au sein de l’UES », précise le délégué syndical.

Demeurent également les problèmes, déjà pointés en 2016, de temps de travail des femmes de chambre en contrat à temps partiel (25 heures hebdomadaires en moyenne). Tout particulièrement, les problèmes de « modulation horaire » de leur temps de travail dont l’amplitude peut varier de 12 heures par jour à zéro heure le lendemain en fonction des exigences de la direction. À quoi s’ajoutent des revendications très chiffrées en matière de primes. Les salariés demandent une prime d’ancienneté en raison de la « smicardisation » des salaires qui n’évoluent qu’au compte-gouttes au fil des négociations annuelles obligatoires (NAO), la revalorisation de la prime de nuit (de l’ordre de 25 euros par nuit), une prime d’entretien pour les tenues de travail (230 euros par an), etc.
Bref, chez Campanile tour Eiffel, le cœur du problème touche aussi bien aux rémunération qu’aux conditions de travail.

Après vingt-deux ans de bons et loyaux services, Mohammed Oumaouche, lui, qui occupe un poste d’encadrement en tant qu’adjoint du directeur de l’établissement, n’a jamais vu son salaire évoluer, sinon marginalement, au gré de NAO. La dernière session de négociation, entérinée juste avant la grève, aura octroyé seulement 0,7 % d’augmentation générale. Autrement dit, l’équivalent de 20 euros brut par mois. « Il n’est pas normal, ni acceptable, de plafonner avec un salaire équivalent à celui du début au bout de vingt-deux ans d’ancienneté », s’indigne le syndicaliste qui assure que la grève se poursuivra tant qu’il le faudra, et que la CGT la gagnera.