Les Bibs de France et de Navarre devant le siège de Michelin
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Pas question de partir en congés dans l’indifférence. Le 6 juillet, les salariés de Valdunes ont manifesté sur un rond-point près de Valenciennes (Nord), puis occupé les quais d’une gare du secteur. Le tract CGT qu’ils ont distribué à cette occasion rappelle que « l’incertitude plane sur l’avenir des 340 familles des salariés de la dernière entreprise française fabriquant du matériel ferroviaire (roues et essieux des trains du monde entier, tramways, métros, etc.) ». « Il y aura d’autres actions coups de poing en juillet », avant la fermeture estivale d’août, prévient Maxime Savaux, délégué CGT.
En mai, l’actionnaire chinois, MA Steel, annonçait qu’il ne mettrait plus un centime dans l’entreprise, qui comprend une forge près de Dunkerque et un site d’usinage près de Valenciennes. La longue histoire de Valdunes a débuté dans le giron du groupe Usinor, s’est poursuivie entre des mains américaines puis allemandes, avant, en 2014, d’être reprise par MA Steel. « Ils ont acheté une entreprise qui perdait de l’argent, augmenté les capitaux propres, investi des miettes, mais rien changé dans l’organisation », assure Gaëlle, qui travaille depuis 12 ans au service expédition.
« Au départ, l’acier chinois n'était pas homologué pour les marchés [ferroviaires] européens. Depuis, ils ont obtenu l’homologation [pour les matériels à] grande vitesse. Ils peuvent donc tout fabriquer chez eux », poursuit-elle. C’est bien ce que la CGT dénonce depuis des années : un lent pillage du savoir-faire. Lorsqu’au printemps 2022, MA Steel a récupéré la fabrication de 10 000 roues, que des industriels ukrainiens et russes ne pouvaient plus honorer à cause de la guerre, le consortium chinois en a confié moins de mille à sa filiale française. De même, sur les 150 millions d’euros que MA Steel a injectés au fil des ans dans Valdunes, seules quelques dizaines représentent de réels investissements, le reste a servi à éponger des déficits.
L’attitude de la SNCF est également décriée. Cette dernière ne commande à Valdunes que quelques milliers de roues sur les 40 000 dont elle a besoin chaque année, au profit de fabricants espagnol (CAF), italien (Lucchini) ou encore tchèque (Bonatrans). Résultat, la forge de Dunkerque, qui dispose d’une capacité de production de 90 000 roues, est largement sous-employée, avec environ 25 000 roues à l’année sur le carnet de commandes. En 2018, la forge et le site d’usinage totalisaient 515 emplois, pour seulement 340 aujourd’hui.
Sollicité par la CGT, le ministère de l’Industrie refuse toute nationalisation de Valdunes, y compris temporaire, ou même une simple prise de participation au capital. Tout au plus, il assure qu’il est à la recherche d’un repreneur et qu’il serait prêt à aider financièrement un candidat potentiel. « Pour eux, la nationalisation est un gros mot, pointe Ludovic Bouvier, responsable régional de la CGT Métallurgie. Dans ce cas, il ne faut pas nous parler de souveraineté nationale ! » Ni d’« industrie verte », du nom pourtant d’un projet de loi présenté par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
Un CSE extraordinaire est prévu chez Valdunes le 12 juillet. « Mais il n’est pas normal d’attendre ce genre de réunion pour espérer avoir des infos », estime Maxime Savaux, qui souligne « l’incertitude » et « l’angoisse » qui rongent ses collègues. Un climat qui a déjà conduit cinq salariés de la forge de Dunkerque à démissionner, depuis un mois. Les formations de forgeron ayant disparu en France, ils seront difficiles à remplacer. « Si nous n’avons aucune nouvelle avant les congés d’été, prévient le délégué CGT, nous ne reprendrons pas le travail la semaine du 4 septembre. » En mai, les salariés avaient déjà fait grève pendant dix jours.
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