C’est par un tweet que Béranger Cernon, secrétaire général des cheminots CGT de la Gare de Lyon, a dénoncé l’attribution par la SNCF de primes aux agents non-grévistes. Il y reproduit un extrait d’un courrier où un salarié se voit décerner « une gratification exceptionnelle de 500 euros » sur sa « paie de janvier » afin de le « remercier pour (son) professionnalisme, (son) implication et (sa) grande disponibilité dans le cadre du mouvement de grève ayant débuté le 5 décembre ».
A gerber. Alors que ns faisons tjrs grève et ce, pour l’intérêt de tous voilà que la direction #sncf a décidé de verser de juteuses primes (de 300 à 1500€) aux non grévistes ? et dans le même temps elle nous explique que l’on doit vendre des actifs & faire des éco. drastique ? pic.twitter.com/INE9xgiqa3
— berenger cernon (@slappy_w) January 30, 2020
Une pratique pas nouvelle mais scandaleuse pour Laurent Brun, secrétaire général de la fédération CGT des cheminots pour qui « le patronat met les moyens des entreprises au service de la politique du gouvernement. » Il a indiqué envisager de saisir la justice en s’appuyant sur le code du travail et « la jurisprudence de la Cour de cassation » qui interdisent de discriminer les salariés grévistes. Sud-Rail pourrait également porter l’affaire en justice.
La SNCF de son côté « assume l’attribution par des managers locaux de primes exceptionnelles à certains agents qui se sont mobilisés de façon exceptionnelle et sur une période particulièrement longue pour assurer la continuité du service public pendant la grève. »
Le salarié cité par Béranger Cernon a quant à lui décidé de reverser sa prime à une caisse de grève pour « soutenir financièrement » les grévistes, faute d’avoir pu lui-même faire grève.
Des primes potentiellement illégales
Selon Éric Rocheblave, avocat consulté par l’AFP, « la Cour de cassation a déjà jugé qu’“est discriminatoire l’attribution par l'employeur d’une prime aux salariés selon qu’ils ont participé ou non à un mouvement de grève” ». Selon la Cour, « pour attribuer une prime aux seuls salariés non-grévistes, l'employeur doit caractériser un surcroît de travail » pour ces salariés, selon ce spécialiste du droit du travail.