Cette lettre de cadrage, envoyée le 26 juillet à Laura Flessel lorsqu'elle était encore ministre, fixe à environ 450 millions d'euros son budget pour la loi de finances 2019, en baisse de 30 millions. « Dans le cadre du processus Action publique 2022, vous serez appelés à appliquer un schéma d'emplois de moins 1600 ETP (équivalent temps plein) au cours de la période 2018-2022 », ajoute le courrier, qui rappelle la promesse présidentielle de supprimer 50 000 postes de fonctionnaires.
Matignon compte « sur une transformation du mode de gestion des conseillers techniques sportifs (CTS) et sur la réduction de leur nombre, ainsi que sur une rationalisation des services déconcentrés ». Rémunérés par l'État, les CTS, au nombre de 1 600, travaillent auprès des fédérations sportives. Il s'agit par exemple des directeurs techniques nationaux (DTN), des entraîneurs nationaux et d'autres conseillers. Leur rôle est d'aider les fédérations pour le haut niveau et le développement des pratiques sportives sur le territoire, selon la politique fixée par l'État.
Les agents du ministère travaillent aussi dans les directions régionales ou départementales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale. Selon plusieurs sources interrogées par l'AFP, le total des agents du ministère se situe entre 3000 et 3 500. « C'est un effort démesuré, extravagant et injustifié. La part de ce qui est demandé aux sports ne représente pas du tout sa part réelle. On organise la disparition du ministère des Sports », a réagi à l'AFP le député Nouvelle gauche Régis Juanico, coprésident à l'Assemblée du groupe de travail sur les JO de Paris-2024.
« C'est un signal clair que l'État se désengage clairement du sport en tant que politique publique nationale », a-t-il aussi dénoncé, faisant valoir que le chiffre de 1 600 représentait la moitié des effectifs. Il a aussi souligné « l'importance » des CTS dans le système actuel : « beaucoup de fédérations n'ont pas les moyens de les prendre en charge ». Interrogé par l'AFP, Matignon a répondu que « le modèle », qui « ne répond plus aux enjeux actuels », est en « transformation » pour « laisser un espace » aux collectivités et au mouvement sportif, à qui l'État « souhaite donner davantage la main ».
Une partie du mouvement sportif réclame en effet plus d'autonomie. Une nouvelle Agence nationale du sport devrait être créée en 2019 pour piloter le haut niveau et le sport pour tous, avec une gouvernance partagée entre État, mouvement sportif et collectivités territoriales. Dans ce contexte, « un repositionnement des personnels est une évidence », ajoute Matignon : « il ne s'agit pas de remettre en cause l'action des CTS, mais de les intégrer davantage à la vie des fédérations ». Les « orientations », la « méthode » et le « calendrier » seront précisés « dans les prochaines semaines » par le Premier ministre et la nouvelle ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a conclu Matignon.