11 août 2020 | Mise à jour le 11 août 2020
Les complémentaires santé, mutuelles ou compagnies d’assurance ont économisé 2,6 milliards d’euros de remboursements en raison de l’arrêt des soins durant la crise sanitaire. L’occasion est trop belle pour l'État qui veut à présent récupérer une partie de cette somme afin d’éponger une partie des pertes de l’Assurance-maladie, qui devraient atteindre 31 milliards d’euros en 2020.
Le gouvernement pourrait bien taxer une part de ces économies au moyen d’une contribution exceptionnelle dès le mois de décembre.
Cette mise à contribution qui en rappelle d’autres comme celle sur les fonds de la formation professionnelle pose plusieurs questions.
D’abord elle met dans le même sac mutuelles à but non lucratif et compagnies d’assurance généralistes ou spécialisées qui, elles, servent des dividendes à leurs actionnaires.
Ensuite, les économies réalisées ne traduisent absolument pas une amélioration de l’état de santé de la population mais un report des soins, des consultations. Report qui dans le cas de maladies chroniques ou invalidantes vont poser problème et font craindre une deuxième vague sanitaire. Il faut donc craindre que dans les mois à venir, les complémentaires aient à faire face à une augmentation de leurs débours.
Par ailleurs, le gouvernement puise ainsi indirectement dans la poche des salariés qui cotisent à ces complémentaires via le plus souvent des contrats de groupe négociées dans les entreprises.
Les dividendes épargnés par la solidarité
Pour sa part, la CGT demande « pourquoi un tel mécanisme de solidarité n’est-il pas mis en place pour les grandes entreprises, qui bénéficient des aides de l’État sans contrepartie ? » La confédération rappelle qu’en 2017, « 280 milliards ont été versés par les entreprises à leurs actionnaires. Une contribution de 3 % sur ces dividendes permettrait de dégager près de 8,5 milliards d'euros (14 milliards d'euros avec une contribution au taux de 5 %)« .
La CGT réitère aussi ses critiques sur l’attribution sans conditions du CICE qui « représente 22 milliards en moins pour les caisses de la Sécurité sociale. Le coût de ces exonérations de cotisations sociales s’élève à 90 milliards d'euros par an, selon la Cour des comptes. »