Depuis quelques mois, les erreurs de paie chez Sanofi tendent à s’aggraver et à s’imposer en norme. Elles font réagir la CGT Sanofi qui s’est fendue d’un communiqué titré « Sanofi, le Titanic à la française ».
Dernier exemple de ce naufrage 4.0, le cas d’un salarié passé d’un rythme de travail en 2/12 à un rythme en 3/8 et dont la fiche de paie du mois de décembre indiquait zéro euros pour « trop perçu » le mois précédent. Comme lui, des centaines de salariés accusent chaque mois des erreurs de paie pouvant les priver de 500 € à 1 000 € par mois. Pour des centaines d’autres, ces mauvais calculs se soldent par des salaires à zéro euros.
Des signes fort d’un déclin programmé
Mieux encore, Sanofi s’autorise également à effectuer des retraits sur salaire pouvant aller jusqu'à la rémunération totale et cela, sur plusieurs mois. Sans surprise, c’est le même bordel côté congés, où les compteurs fluctuent aléatoirement sans même que le salarié n'ait utilisé les congés qui lui sont comptabilisés et donc, confisqués.
Pour la CGT, ce sont là autant de signes forts – qui doivent alerter les autorités publiques – du déclin programmé du fleuron français de la pharmacie qui, dans la foulée de son échec à produire des traitements contre la Covid-19, poursuit imperturbablement sa trajectoire vers l’iceberg en sonnant les violons.
Stratégie des économies, jusqu’à la lie
Bref, un bateau ivre, saoulé à la maximisation des profits à tout crin (12 milliards d’euros de bénéfices en 2021, versus 1% d’augmentations générales) et désormais incapable de retrouver le chemin du port. Car si ces erreurs de comptabilité n’ont à priori rien d’intentionnel, elles découlent pourtant d’une stratégie définie et planifiée par les dirigeants de Sanofi: celle de réaliser des économies tous azimuts, quitte à compromettre ses capacités à innover dans son domaine phare, la pharmacologie. « Ces problèmes de fiches de paie résultent d’un plan de centralisation des fonctions support mis en œuvre il y a quelques années, qui aboutit aujourd’hui à une situation ingérable » , déplore Jean-Louis Peyren. Centralisation qui a en effet permis de supprimer des centaines de personnels de la paie qui, auparavant, étaient localisés sur chacun des 30 sites de Sanofi et calculaient les salaires et les congés en fonctions des accords d’entreprise et statuts des salariés, site par site.
En centralisant la fonction paie, sans tenir aucun compte des accords et statuts divers de ses salariés, la direction de Sanofi aura donc provoqué une défaillance majeure au sein de son service comptabilité-paie réduit à peau de chagrin. Tout cela, au nom de son sacro-saint objectif de réaliser des économies. Pour le coup, le naufrage qui en résulte est assez réussi.