7 février 2024 | Mise à jour le 7 février 2024
Réagissant au discours de politique générale du nouveau premier ministre Gabriel Attal, et à la veille d'un remaniement qui se fait attendre, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, s'est dite « inquiète » et « en colère » face à « la fuite en avant réactionnaire du nouveau gouvernement ». Elle a estimé que c'était la suite d'un quinquennat en forme de naufrage économique, social et moral.
Elle n'a pas mâché ses mots. Au cours d'une conférence de presse, au siège de la CGT, à Montreuil, le 6 février, Sophie Binet a qualifié le quinquennat d'Emmanuel Macron de « triple naufrage ». Suite au discours de politique générale du premier ministre Gabriel Attal, prononcé le 30 janvier dernier, la secrétaire générale de la CGT a dénoncé « une fuite en avant réactionnaire de ce nouveau gouvernement ». Jugeant qu'« aucune leçon n'a été tirée par le gouvernement du naufrage du quinquennat, celui-ci ne change pas de cap et au contraire fonce dans le mur toujours plus vite ». Et de détailler ce qu'elle qualifie de « triple naufrage ».
Naufrage économique et social
D'abord un naufrage économique qui se résume à « une politique économique qui multiplie les cadeaux en direction des entreprises et des ultra-riches qui se voient arrosés d'aides publiques ou de baisses d'impôts alors que le chômage et les fermetures d'entreprises repartent à la hausse et que la balance commerciale de la France est catastrophique et accuse un décrochage de la production industrielle française». Sur le plan social, Sophie Binet a pointé l'application de la réforme des retraites « avec violence et injustice puisqu'elle génère une augmentation du nombre de pauvres dans tout le pays et un recul du niveau des salaires qu'on n'avait plus vu depuis 50 ans ».
Naufrage moral et démocratique
Il s'incarne dans « la loi Immigration qui malgré la censure du conseil constitutionnel contient un certain nombre de reculs et de régressions ». Avec plusieurs associations et organisations syndicales, la CGT continue à lutter pour que cette loi ne s'applique pas. La centrale le fait aussi à travers ses responsabilités syndicales directes en défendant « des travailleuses et travailleurs contre le dumping social organisé par le gouvernement et le patronat et pour permettre la régularisation de toutes celles et ceux qui travaillent », a précisé Sophie Binet. Et de rappeler le mouvement qui rassemble « 500 grévistes franciliens qui depuis la mi-octobre, attendent la mise en place du processus de régularisation parce que le ministère de l'intérieur a refusé d'ouvrir des négociations plus tôt ». Les grévistes ont commencé à décrocher des rendez-vous en préfecture et le cadrage du ministère de l'intérieur qui leur garantit des règles en matière de régularisation est attendu dans les prochains jours.
Acharnement judiciaire
L'autre naufrage dénoncé est d'ordre démocratique. Il s'est matérialisé par le passage en force de la réforme des retraites et qui s'accroît avec « le sentiment du deux poids deux mesures entretenu par le gouvernement ». Et de rappeler que plus de 1000 militants de la CGT sont poursuivis devant les tribunaux pour s'être mobilisés contre cette réforme des retraites alors que dans le même temps le ministre de l'intérieur a déclaré qu'« il ne fallait pas ajouter de la violence à la détresse sociale ». Et Sophie Binet de se demander « en quoi consistait donc la mobilisation contre la réforme des retraites sachant qu'aucun militant CGT n'a mis le feu à des bâtiments publics ni adressé de menaces de mort à personne ». Résultat, les poursuites de syndicalistes CGT devant les tribunaux se multiplient et Céline Verzeletti, est la troisième membre du bureau confédéral à faire désormais l'objet d'une convocation devant le tribunal d'Aix-Marseille pour diffamation après avoir qualifié de racistes les propos d'un magistrat pourtant sanctionné pour ces faits par la juridiction. Et Sophie Binet de citer d'autres exemples pour dénoncer « un acharnement judiciaire et du ministère public contre les militants syndicaux ».
Rien sur les salaires
Sophie Binet a dénoncé l'absence de réponse gouvernementales face aux attentes prioritaires du monde du travail. « Dans le discours du gouvernement, il n'y a rien sur l'augmentation des salaires mais au contraire, un refus persistant d'agir sur la source des problèmes qui réside dans la boucle « prix-profit ». Et de citer la mobilisation des agriculteurs en exemple. Réponse du gouvernement ? « Il a refusé d'agir sur les deux côtés de la chaîne, c'est-à-dire qu'il a refusé de garantir un revenu minimum aux agriculteurs et de protéger les consommateurs face à l'explosion des prix ». Pourquoi ? « Parce qu'il refuse de s'attaquer aux marges de l'agro-business, de la grande distribution et au final, du capital. Au lieu de ça il a fait diversion et annoncé de graves reculs en matière de normes environnementales… »