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Colère sociale et ambiance volcanique à La Réunion

2 janvier 2020 | Mise à jour le 20 décembre 2019
Par | Photo(s) : Corinne Rozotte/Divergence - B. Rondeau/Photosociale
Colère sociale et ambiance volcanique à La Réunion

Habitations, Les Trois-Bassins, La Reunion

Les locataires se succèdent à l'Élysée, mais l'île continue de s'enfoncer dans la crise. Le secrétaire de la CGTR, Ivan Hoareau, revient sur la dernière visite du chef de l'État.
NVO, la Nouvelle Vie Ouvrière, le journal de l'actualité sociale, syndicale et juridique des militants de la CGT

Ivan Hoareau, secrétaire de la CGT Réunion

La  venue  du  président,  le 24 octobre,  a  provoqué  la colère des Réunionnais. N'y a-t-il vraiment plus rien à attendre de sa politique ?

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le taux de chômage est officiellement de 24 %, mais il est plus proche de 35 % en réalité, et il touche 60 % des 15-25 ans. La pauvreté atteint un niveau effarant. Un ménage sur trois survit avec les prestations sociales ; un retraité sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté ; et la réforme de l'assurance-chômage enfonce un peu plus les gens déjà en situation précaire. Je pourrais ajouter à cette liste le taux d'illettrisme – plus de 100 000 personnes sur une population de 850 000 âmes –, les mères isolées, etc.

Comment  expliquez-vous  que rien n'ait bougé après les manifestations contre la vie chère de 2009 ?

Les  politiques  d'austérité  ont  une caisse  de  résonance  bien  plus  forte ici  qu'en  métropole.  Il  y  a  dix  ans, les clignotants étaient au rouge, ils sont  aujourd'hui  rouge  écarlate. L'économie est tenue par les multinationales. Il faut desserrer leur mainmise, lutter contre la sous-traitance en  cascade,  favoriser  l'émergence d'acteurs locaux, il y va de l'emploi.

Je veux bien convenir de problèmes d'ordre démographique – chaque année, 6 000 à 7 000 jeunes arrivent sur le marché du travail, alors qu'il se crée  dans  les  meilleures  années 4 500 emplois –, mais ça ne doit pas faire  oublier  la  responsabilité  des employeurs  et  le  contenu  des  politiques  publiques.  La  situation  est explosive,  ça  va  péter.  Quand ?  Sous quelle forme ? Je ne sais pas…

La Réunion a besoin d'une politique de relance de l'investissement public. La visite du chef de l'État n'a rien apporté. Elle a été catastrophique, pour lui et les Réunionnais.
Avant de repartir, le président a annoncé la création d'un dispositif, « Choose (choisir) La Réunion », pour renforcer l'attrait du territoire…

Dans lequel La Réunion serait le fer de  lance  de  la  communauté  indopacifique, soit la moitié du monde ! C'est une blague ! En attendant, il n'avance aucune proposition concrète, ne propose aucune politique de relance. Le bâtiment, le logement, les équipements sanitaires sont à la traîne ; les services publics ferment les uns après les autres ou partent dans le giron du privé.

Un Réunionnais sur 10 est en situation de mal-logement, soit plus de 80 000 personnes selon le rapport 2017 de la Fondation Abbé-Pierre.
Est-il exact que les organisations syndicales ont refusé de rencontrer Emmanuel Macron ?

C'est faux. On nous avait fixé un rendez-vous  à  14  heures.  Deux  heures avant, les journalistes viennent nous voir en demandant pourquoi la réunion est annulée. On se renseigne et, là, on tombe sur un communiqué des services  de  l'Élysée  disant  que  nous avions décidé d'annuler le rendez-vous. C'est une honte !

Article paru dans Ensemblenuméro 123 de décembre 2019