Hard-discount : la sueur de l’affront
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« Tout le monde savait que Conforama n'allait pas bien, mais personne ne se doutait de ça », reconnaît Abdelaziz Boucherit, délégué central CGT chez Conforama.
« Ça » ? C’est le plan « social » communiqué aux représentants de l'organisation syndicale, lundi 1er juillet en fin de journée, par la direction du groupe.
« Au cours des vingt-quatre mois à venir, c'est 1 900 suppressions de postes, 32 magasins – dont 8 sur Paris et sa région, y compris celui de Saint-Ouen qui est l'un des plus gros en termes d'effectifs, et les 10 enseignes Maison Dépôt, qui appartiennent à Conforama – qui ferment », détaille Abdelaziz.
Avant d’ajouter : « Et sur ces 1 900 suppressions, 150 touchent le siège social et le service après vente, 600 concernent des établissements qui ne sont pas amenés à être fermés ». En tout, ce sont donc plus de 20 % des effectifs et près d'un magasin sur six qui vont disparaître lors des deux prochaines années.
« Inacceptable » pour le représentant syndical qui refuse de voir les salariés payer les pots cassés d'une gouvernance pour le moins problématique. Selon lui, « Conforama servait en fait à éponger les dettes de Steinhoff ».
Steinhoff est un conglomérat sud-africain spécialisé dans la production et la vente de meubles, propriétaire de la marque française depuis 2011.
Surtout, il s’agit d’un groupe englué depuis plusieurs années dans une fraude financière basée sur de fausses transactions. On parle en l’occurrence de plus de 6,5 milliards d'euros, tout de même. Et ce, afin de gonfler artificiellement la valeur des bénéfices et des actifs de l'entreprise.
À ces pratiques plus que douteuses de la direction sud-africaine s'ajoutent, en France, un turnover à la tête de l'entreprise et dans les stratégies mises en place difficiles à suivre pour les salariés.
« On ne comptabilise pas les millions d'euros dépensés en projets qui n'ont jamais vu le jour, qui n'ont pas été finis ou arrêtés. Sans oublier les matelas financiers avec lesquels partent les dirigeants de l'entreprise », accuse le militant CGT.
Résultat, malgré l'annonce en avril dernier d'un plan de refinancement – à hauteur de 316 millions d'euros –, afin de satisfaire les créanciers du groupe, Steinhoff a propulsé à la direction française Cédric Dugardin et Helen Lee Bouygues, deux spécialistes du « retournement et de la transformation d'entreprise ».
Entendez par là de la restructuration… Mais également, pour ce qui est d'Helen Lee Bouygues, l'une des représentantes des fonds spéculatifs qui ont pris le contrôle de Steinhoff et des créanciers de Conforama.
« Est-ce que ce n'est pas une stratégie pour habiller la mariée et la rendre plus belle ? » interroge le syndicaliste, qui craint de voir « les dirigeants de Conforama se charger du “sale boulot” pour, peut-être, céder l'entreprise à un moindre coût à un éventuel repreneur ».
Pas question pour autant de baisser les bras. Déjà, ce mardi 2 juillet, et alors que la réunion annoncée par la direction pour préciser les liste des établissements touchés était annulée – la peur de la réaction des salariés sans doute –, deux magasins, à Paris et à Nice, s'étaient d'eux-mêmes mis en grève.
Le début de la colère à venir, prévient Abdelaziz Boucherit, qui annonce un mouvement de plus grande ampleur, nationale, très prochainement. « Les gens ne vont pas se laisser faire ! »
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