Procès Air France : triple peine pour quatre ex-salariés
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Pour les soutenir et manifester leur pleine solidarité, près de 2 000 salariés de tous horizons se sont rassemblés à l'appel de l'intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires.
Réussi, ce meeting le fut d'autant plus qu'il était initialement menacé d'interdiction préfectorale dans le cadre du plan d'urgence nationale déclenché par le président Hollande.
« Nous allons le tenir, ce meeting », assurait David Ricatte (de la CGT Air France). Inaugurant les prises de paroles et témoignages, il a rappelé à chacun des présents les enjeux de cette manifestation : « Pour la libération de nos collègues injustement accusés, pour nos collègues menacés de licenciement, pour les libertés syndicales et pour tout ce qui se passe dans le pays depuis le 13 novembre. »
« Notre colère est légitime face à la violence de la direction d'Air France et du gouvernement. Après nous avoir laissés sans réponses à nos questions, ils veulent à présent criminaliser l'action syndicale, en condamnant cinq de nos collègues choisis au hasard », s'insurgeait à son tour une salariée d'Air France.
« Cette injustice, nous ne l'accepterons pas. Nos collègues n'ont fait que manifester pour dire leur désaccord avec le plan de licenciements de notre direction, et elle, elle a pris la fuite », dénonçait Jean-Pierre. Karine, elle, s'est dite scan-da-li-sée : « On ne peut plus faire de manifestations sans courir de risques, il n'y a plus de dialogue social dans notre entreprise et le CCE a dû faire un droit d'alerte pour qu'on puisse se faire une idée de la situation d'Air France, c'est normal ça ? »
Pas normal, non plus, de se faire accueillir par un cordon de CRS armés jusqu'aux dents, a noté un syndicaliste d’Alter, syndicat des pilotes d'Air France. Lui a tenu à dénoncer la violence qui s'exerce chaque jour chez Air France, mais exclusivement contre les salariés : « Et ce sont nos collègues que l'on condamne, alors que ce sont eux les victimes de la violence des plans sociaux, Transform, puis Perform, on ne les compte plus. La vraie violence, c'est celle de la direction qui est entièrement responsable du démantèlement de notre compagnie aérienne. »
Salves d'applaudissements, manifestations sonores d'approbation, dans la foule agglutinée sur l'esplanade, la solidarité ressentie par chacun était palpable.
Philippe Martinez – le secrétaire général de la CGT – l'a bien souligné en annonçant la liste des rassemblements en cours, ce même jour, dans de nombreuses escales aéroportuaires : « Cette deuxième manifestation, comme la première du 22 octobre, est bien sûr solidaire, mais il faut aller encore plus loin, il faut que tous les salariés se rassemblent dans tous les pays contre les suppressions d'emplois », a-t-il exhorté.
À l'adresse du gouvernement, il a lancé ce message : « On nous reproche les mobilisations, on leur répond de ne pas oublier le 13 novembre, que se mobiliser pour contester l'injustice, dénoncer la violence, porter des alternatives, c'est la meilleure réponse aux terroristes qui ont voulu s’attaquer à la démocratie. À travers le cas Air France, c'est le quotidien de tous les salariés français que nous dénonçons, c'est aussi à travers le cas Air France que nous devons montrer que la réponse, c'est de travailler à de véritables alternatives avec les salariés ».
Rendant hommage aux deux camarades de Seine-Saint-Denis, Patricia et Elsa, assassinées au Bataclan, le secrétaire de l'union départementale, Hervé Ossant, a lui aussi souligné l'urgence du moment.
Ruiné par un taux de chômage explosif, 500 000 privés d'emplois et 42 000 depuis 2012, le département est le siège de toutes les violences. Plus victime que d'autres de la violence d'État, conséquence directe des politiques publiques : « Les patrons touchent 220 milliards d'euros par an, sous forme de CICE et de baisse de cotisations sociales, et cela sans la moindre contrepartie exigée par le gouvernement. Quand nous demandons à quoi ont servi ces aides, on nous répond “secret fiscal”. Rien que pour Air France, 109 millions d'euros d'argent public ont été donnés par l'État. Nous n'en pouvons plus de voir les dividendes toujours augmenter alors que les plans sociaux sont incessants ».
Sous un tonnerre d'applaudissements, le secrétaire a conclu par ce message : « Nous récusons qu'il existe une quelconque vérité économique, nous devons sortir de l'obscurantisme néolibéral et, au gouvernement, nous disons que s'il doit y avoir un état d'urgence, il doit être social. »
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