Cœur poétique

« L'univers est en expansion, et nous avec ». C'est le malaise des trentenaires que reflète ce cinquième album d'un auteur-compositeur-interprète qui sait à la fois manier la plume avec finesse et sensibilité et trousser des mélodies qui vous restent dans l'oreille.

Pourtant cet album faillit ne pas exister, faute de producteur, ce qui aurait été plus que dommage. L'artiste a donc fait appel au financement participatif pour boucler le budget et réaliser des perles comme « Brassens en pleine poire », « Aïe, ouille », « C'est bien pire sans », « Déjà ma chère Laura », « Comme un acteur sur fond vert » qui content la fin des amours où il parvient néanmoins à glisser des notes d'humour (« Caramba, encore raté » ou « si tu venais à me regretter/il faudra bien que j'aie répété »).

Cet humour émaille l'album avec « Marque ton stop que je t'embrasse », chronique rigolote du passager alcoolisé conduit par sa petite amie ou avec « Lire aux chiottes » qui ravira tous les grands lecteurs.

En quatorze titres doux-amers, Benoît Dorémus brosse le portrait générationnel de jeunes adultes qui ont du mal à s'engager dans un monde rude, dans la vie à deux et à trouver leur place.

« Dernièrement », « Existentiel » et « 20 milligrammes » font le constat de ses angoisses et de ses combats pour progresser, tandis que l'excellent « Bêtes à chagrin » met en garde maintes demoiselles contre les fantasmes qui entourent les artistes (« les artistes, attention, je connais, j'en ai croisé plein… »).

Souvent comparé à Renaud pour sa lucidité et son joli brin de plume, il ne manque plus à ce jeune artiste très talentueux que la révolte qui a toujours animé son aîné.

Pour le reste, Benito, comme il est surnommé, en a l'étoffe…

Benoit Dorémus.

Sur scène les 11 et 12 mars, A Thou Bout D'Chant à Lyon, et du 23 au 25 mars aux Trois Baudets à Paris.