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THÉÂTRE

Darwich, une ode à la vie

13 mars 2015 | Mise à jour le 15 mars 2017
Par | Photo(s) : DR
Darwich, une ode à la vie

Le comédien Mohamed Rouabhi nous livre deux textes du grand poète palestinien Mahmoud Darwich, disparu en 2008. Un moment fort qui nous replonge notamment dans Beyrouth assiégé en 1982.

Seul en scène, assis sur une chaise devant un rideau blanc, Mohamed Rouabhi déclame «Discours de l'Indien rouge» de Mahmoud Darwich, usant par moments de la langue des signes comme pour signaler la portée universelle du texte.

Le poète, né en 1941 en Palestine, exilé dès l'âge de 6 ans, auteur d'une vingtaine de recueils (la plupart publiés en français chez Actes Sud), traduits dans plus de quarante langues, n'a cessé de chanter l'exil, la guerre, mais aussi l'amour de la vie. Militant de la cause palestinienne, il est surtout un des plus grands écrivains arabes. Dans ce poème écrit en 1992, le colonisé est l'Indien chassé de sa terre qui dit la force de la nature et l'omniprésence des morts pour rappeler sans cesse la folie du massacre. «Des morts qui visitent leur passé dans les lieux que vous démolissez. Des morts qui passent sur les ponts que vous construisez. Et il y a des morts qui éclairent la nuit des papillons, qui arrivent à l'aube pour prendre le thé avec vous, calmes tels que vos fusils les abandonnèrent.»

Changement de décor, le comédien est allongé sur un lit, tandis qu'une archive sonore nous annonce que nous sommes en août 1982 et que les troupes israéliennes assiègent Beyrouth, au Liban.

Dans «Une mémoire pour l'oubli», nous voilà aux côtés du poète, calfeutré dans sa chambre, alors que les bombes explosent de toutes parts. Pour s'extirper un temps de cet enfer des raids aériens, Darwich pense à la tasse de café salvatrice qu'il ne peut préparer, tandis que les obus s'abattent sur la cuisine. Comme une ode à la vie. «De tous les matins du monde, je ne veux rien d'autre que l'odeur du café, pour me reprendre, me remettre sur mes deux pieds, me transformer d'animal rampant en être de raison, saisir ma part d'aube, avant notre départ, le jour et moi, vers la rue, en quête d'ailleurs.» Il nous dit encore la peur d'être déchiqueté, redoutant que sa chair ne soit «mêlée au béton, au fer et à la terre» et son désir d'avoir un bel enterrement.

«On placerait mon corps, intact et entier, dans un cercueil de bois, recouvert d'un drapeau aux quatre couleurs bien tranchées […] et porté sur les épaules des amis, et des amis-ennemis.»

Mohamed Rouabhi ressuscite avec brio la langue du poète et nous voilà émus de l'avoir revisitée.

«Darwich, deux textes. Discours de l'Indien rouge et Une mémoire pour l'oubli».

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En savoir +

Mise en scène, scénographie et jeu de Mohamed Rouabhi.

Jusqu'au 22 mars,
à la Maison des Métallos,
94, rue Jean-Pierre Timbaud,
75011 Paris.

 

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