Mumia Abou Jamal en danger de mort
En prison depuis 40 ans en Pennsylvanie (Etats-Unis) dont 30 passés dans le couloir de la mort, Mumia Abou Jamal aura 67 ans en avril prochain. Accusé du meurtre d'un policier... Lire la suite
Après deux ans de présidence de Donald Trump, les élections de mi-mandat (midterms), qui ont eu lieu le 6 novembre aux États-Unis, ont permis aux Républicains de renforcer leur majorité au Sénat, mais aux Démocrates de gagner la majorité à la Chambre. Ce résultat, qui peut paraître contradictoire, s'explique par le mode de scrutin. En effet, le Sénat est renouvelé par tiers tous les deux ans, et 34 sortants remettaient leur siège en jeu, mais principalement dans des États gagnés à Donald Trump. En revanche, la Chambre est quant à elle renouvelée totalement tous les deux ans. Pour en reconquérir la majorité, il fallait aux démocrates gagner au minimum de 23 sièges par rapport aux précédentes élections sur les 435 à pourvoir, ce qu'ils ont fait largement. Le renouvellement d'une partie des gouverneurs était également en jeu. Avant même la fin du dépouillement et des résultats officiels, en s'appuyant sur les scores annoncés pour le Sénat, Donald Trump a crié victoire.
Mais c'est toujours d'une Amérique coupée en deux que ce scrutin témoigne. D'un côté, celle que l'homme d'affaires, animateur de téléréalité, a su galvaniser pour conquérir la Maison-Blanche ; celle d'une classe moyenne ou pauvre, déclassée, majoritairement blanche, à qui il a présenté des boucs émissaires à leurs difficultés, en désignant principalement les travailleurs migrants ou les Latino-Américains, assimilés à de dangereux délinquants voire à des criminels. Autour du slogan « make America great again » (rendre sa grandeur à l'Amérique), Donald Trump prétend protéger les bons Américains et leur identité à la fois par le protectionnisme économique et par l'érection d'un mur à la frontière du Mexique, demeuré slogan de campagne de ces midterms.
De l'autre, celle de ces Américains, hommes et femmes, qui avaient soutenu les prémices de réformes de Barack Obama — comme « l'Obamacare » qui leur donne accès à une forme de protection sociale — et que Donald Trump s'efforce de détruire. Celle, aussi, des citoyens qui ne supportent pas ses insultes à l'encontre de la presse, ses contre-vérités érigées en « vérités alternatives », son soutien aux « suprémacistes blancs », aux évangélistes ou au lobby des armes ; qui refusent insultes, grossièretés, menaces ou discriminations à l'encontre à la fois des femmes et de toutes les minorités (musulmans, Afro-Américains…) ; ou encore qui s'inquiètent d'une politique étrangère faisant fi de façon ostentatoire des accords signés et transgressant le droit international. Pas étonnant donc que nombre de nouveaux élus démocrates soient des femmes, ou soient issus de ces « minorités », telles une avocate amérindienne ou deux autres femmes, de confession musulmane, tandis que le Colorado comptera pour la première fois un gouverneur gay.
Les organisations syndicales se sont elles aussi — comme c'est la tradition aux États-Unis — engagées dans la bataille, espérant notamment reconquérir les « cols bleus » séduits par le trumpisme et le slogan « America First » (Amérique d'abord). Ainsi, la puissante AFL-CIO (American Federation of Labor – Congress of Industrial Organizations) soutient le protectionnisme de Donald Trump, mais n'a cessé de dénoncer la déréglementation des conditions de travail et l'absence de traduction salariale des assez bons résultats économiques.
D'où le jugement sans ambages de son premier responsable, Richard Trumka, à l'encontre du locataire de la Maison-Blanche : « Il a fait plus de mal que de bien aux travailleurs américains ». Et de préciser quelques semaines avant le scrutin « Si les règles de l'économie ne changent pas, trop de monde va être laissé pour compte ». Le syndicat des employés SIU, lui, a mobilisé les électeurs et les indécis pour un vote anti-Trump autour de préoccupations concrètes telles que le salaire horaire minimum à 15 dollars, des soins de santé abordables, la possibilité de s'affilier à des syndicats… Mais il a mis également en avant le refus de la division par la haine raciste ou xénophobe et son soutien aux travailleurs migrants.
La majorité démocrate à la Chambre (le Congrès entrera en fonction le 3 janvier) n'entend pas en tout cas rester inactive. Ses élus ont fait savoir qu'ils ne laisseront pas Donald Trump mettre en œuvre sans débat ni compromis les lois qu'il préconise. Cela concerne notamment le mur qu'il veut faire construire à la frontière mexicaine.
Ils souhaitent aussi lancer une série d'enquêtes parlementaires sur ses finances, d'éventuels conflits d'intérêts, ou encore ses interventions dans l'enquête du procureur spécial sur l'intervention potentielle de la Russie dans la campagne présidentielle. Sur les terrains économique et social, la majorité démocrate souhaite aussi bloquer les attaques du parti républicain contre le système de santé, et « mettre fin à la domination des riches groupes d'intérêts sur Washington ».
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