Turbulences à Air France
Deux semaines à peine après le CCE d'Air France qui aura coûté deux chemises à la direction et menacé l'emploi de près de 3 000 salariés de la compagnie aérienne, plusieurs milliers de manifestants se sont réunis, près de l'Assemblée nationale, pour apporter leur soutien aux cinq syndicalistes CGT poursuivis en justice.
Les syndicalistes CGT d'Air France Roissy Cargo ne seront pas jugés avant le 2 décembre prochain, mais, ce jeudi, se tenait un comité central d’entreprise (CCE) de la compagnie aérienne – tout un symbole – dans le 16e arrondissement de Paris.
CCE au cours duquel la direction d'Air France a confirmé le plan de départs « volontaires » pour 1 000 postes en 2016.
C'est pour exprimer leur solidarité aux 5 d'Air France que des syndicalistes ont profité de cette date et sont venus de toute la France rejoindre les rangs de cette manifestation, mais aussi pour lutter « contre les suppressions d'emploi, et pour dénoncer la violence patronale », explique William Audroux, secrétaire général CGT Renault Cléon.
« On parle, soi-disant, d'une certaine violence des salariés qui sont franchement écœurés par ce qui se passe. Mais la vraie violence, pour moi, vient du côté des patrons », poursuit-il.
D'ailleurs, Erika, salariée d'Air France qui avait ému les internautes dans une vidéo tournée lors du CCE du 5 octobre dernier, était également présente. « Tant mieux si les gens ont été touchés », confie-t-elle à une collègue.
Un peu plus tard, un manifestant viendra spontanément lui offrir une chemise, devenue pour beaucoup comme un symbole de leur lutte. Et, face aux tentatives de division des salariés d'Air-France, toutes les catégories de personnels se sont retrouvées ensemble, ce jeudi.
Chantage à l'emploi
Alexandre de Juniac, P-DG de la compagnie, a également profité de l'occasion pour annoncer que la deuxième phase du plan de réduction du personnel pourrait être évitée si un accord de productivité était trouvé avec les syndicats.
Du chantage, aux yeux des organisations salariales qui estiment que les salariés ont déjà dû faire beaucoup d'efforts au cours des dernières années.
Entre 2012 et 2014, la compagnie aérienne a déjà perdu près de 5 500 postes. Alors que l'entreprise a renoué avec les bénéfices en 2015, faute d'accord, la direction menace de réduire son offre long-courrier par 10 sur les deux prochaines années.
« Ça fait quelques années que l'on va de plan social en plan social, déplore Christophe Esnault, secrétaire CGT à Air France Orly escale. Pour les uns, c’est le chômage ; pour ceux qui restent, des conditions de travail déplorables », explique-t-il.
Les syndicats, réunis en intersyndicale, en appellent à l'État, actionnaire à 17 % de l'entreprise, pour prendre des mesures de soutien à la compagnie. En effet, l'augmentation des taxes d'aéroport ainsi que l'octroi des droits de trafic à des compagnies étrangères, notamment du Golfe, ont fait peser une pression importante sur Air France.
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