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Y a plus de saisons !

Frédéric Dayan
18 février 2020 | Mise à jour le 18 février 2020
Par
Une croissance en net recul et en même temps un chômage qui baisse ? Décidément, il n'y a plus de saisons ! Les fondamentaux de l'économie seraient-ils bouleversés ?

Selon l'Insee, le taux de chômage a nettement baissé en 2019 et s'établit à 8,1 % fin décembre, tiré en particulier par les créations nettes d'emplois, qui auraient atteint 210 000 dans le privé, après 230 000 en 2018. Comment cette performance, dont l'exécutif nous a bien sûr fait la publicité, est-elle possible dans le contexte d'une croissance en net repli ?

Le PIB français n'a progressé que de 1,2 % l'an dernier, après 1,7 % en 2018. « C'est un succès décisif pour la France et c'est un succès décisif pour la politique économique que nous menons depuis maintenant près de trois ans », s'est réjoui sur RMC/BFMTV le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire. Tandis que son patron, Emmanuel Macron s'exprimant le même jour se targuait d'avoir fait reculer « la peur d'embaucher » et vantait : la « flexisécurité », la « réforme de l'assurance-chômage ».

En fait, c'est une « tendance de fond » liée à « la montée en puissance des jobs morcelés de services à faible productivité liés notamment aux services à la personne, à la logistique, au gardiennage », détaille dans une note récente Alexandre Mirlicourtois, directeur des études chez Xerfi cité par l'AFP. Et alors que la population active augmente moins vite ces dernières années, « en période de croissance, il faut aujourd'hui moins de 100 000 créations d'emplois pour diminuer le nombre de chômeurs, quand il en fallait 200 à 300 000 dans les années 2000 », ajoute-t-il.

Autrement dit, la France n'est pas miraculeusement redevenue une économie industrielle à forte valeur ajoutée qui embaucherait à tour de bras. Et pour beaucoup, les emplois qui s'y créent ne permettent pas de vivre correctement et dans la sécurité.

Donc oui, on peut dire que la destruction des garanties et des repères collectifs, les mesures de flexibilité, la sécurisation juridique des licenciements, la chasse aux chômeurs et les radiations massives de Pôle emploi portent leurs fruits. Mais qu'ils sont amers et indigestes ! Et comme si ça ne suffisait pas, le Medef a immédiatement exhorté Macron à poursuivre et amplifier « la politique de l'offre ».

Le Medef qui prétend depuis longtemps que les « licenciements d'aujourd'hui font les emplois de demain » juge que « le meilleur moyen d'aider les ménages est de soutenir les entreprises ». Il demande donc « de la constance dans l'allègement du fardeau fiscal qui pèse sur les entreprises françaises » et « attend du gouvernement des annonces fortes dans le cadre du pacte productif » qui doit être présenté au printemps. Insatiables, ils n'en n'ont jamais assez !