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La tentation du coup de force

Frédéric Dayan
25 février 2020 | Mise à jour le 26 février 2020
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Il a suffi que quelques députés LREM s'énervent et réclament le recours au 49.3 pour s'exonérer du débat parlementaire pour que se révèle en pleine lumière l'impasse démocratique dans laquelle se sont fourrés le gouvernement et sa majorité avec la réforme des retraites.

Non seulement le caractère autocratique du texte a été souligné par le Conseil d'État, mais voilà que dans une tribune à Ouest France ce dimanche 23 février, une quinzaine de députés LREM et MoDem se disent « empêchés » de débattre à cause du zèle procédurier exercé par la France insoumise et le Parti communiste et dénoncent dénoncent le « fol acharnement » des opposants au texte.

Ces gens-là osent tout et ils sont aux abois… Depuis 2017, ils ont multiplié les ersatz de dialogue social pour avancer masqués. Et les voilà maintenant pressés d'en finir avant les municipales pour sans doute s'éviter une déroute électorale qui viendrait sanctionner un exécutif en butte aux mobilisations sociales. Le risque politique n'est en effet pas mince, tant le divorce avec l'opinion est grand.

Ayant perdu la bataille de l'opinion, la Team Macron veut en finir avec ce texte dont le Conseil d'État juge la première mouture « insuffisante », « les projections financières restent lacunaires ». Et le Conseil d'État critique également le choix de recourir à 29 ordonnances. Ainsi, il souligne le fait, « pour le législateur, de s'en remettre à des ordonnances pour la définition d'éléments structurants du nouveau système de retraite ». Selon les juristes, cela « fait perdre la visibilité d'ensemble qui est nécessaire à l'appréciation des conséquences de la réforme ».

Après avoir foulé aux pieds le dialogue social, Macron et Philippe veulent castrer la représentation nationale, c'est de bonne guerre. Ils mènent le pays dans une impasse démocratique et les artifices qu'ils déploient font long feu. Ainsi, la conférence de financement à peine commencée, son échec très probable est déjà annoncé.

La CGT qui n'en était pas demandeuse a d'emblée voulu y dénoncer les postulats financiers avancés par le gouvernement qui met en avant un déficit de financement du système pour justifier l'âge pivot ou l'âge d'équilibre. Elle a voulu aussi y défendre ses propositions de financement. Mais là encore, l'exécutif campe sur ses postures idéologiques. « Le compromis n'est pas possible », a lancé Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT sur Radio Classique.

« Par contre, on va organiser notre propre conférence, parce que nous avons des propositions très sérieuses en matière de financement, partagées au sein de l'intersyndicale. On va organiser cette conférence dans tous les territoires, pour informer les citoyens du danger de ce projet, et de l'alternative possible de construire un autre projet de retraites », a ajouté la secrétaire confédérale.

Mener le débat partout, alors que les élus de la Nation en seraient privés, voilà qui a du sens. Voilà qui doit permettre de continuer à faire grandir le rejet de cette réforme.