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Ne rien lâcher !

Frédéric Dayan
16 décembre 2019 | Mise à jour le 19 décembre 2019
Par
Ni la démission de Jean-Paul Delevoye, ni le discours d'Édouard Philippe ne changent la donne sur le fond de la réforme du système de retraite. Et le discours du Premier ministre a incontestablement renforcé la contestation sociale.

Elle s’est élargie aux trois syndicats favorables à la transformation en régime unique par points, mais opposés eux aussi à l’instauration d’un âge pivot qui de fait est un nouveau recul de l’âge de la retraite. Les annonces gouvernementales confirment que toutes les craintes émises depuis deux ans, notamment par la CGT, étaient parfaitement fondées. Ne peuvent être déçus que ceux qui font encore une confiance béate à la négociation sans rapport des forces. Mais en fait de négociations il y a rien eu d’autre depuis deux ans que des concertations et des bilatérales sans que les pistes de réforme proposées par exemple par la CGT aient été prises en compte. Et désormais, la confrontation sociale est incontournable pour faire reculer le gouvernement et promouvoir une autre réforme du système de retraite.
La réforme annoncée confirme que nous serons toutes et tous perdants. Et chose très grave, cette réforme qui sacrifie les générations futures prépare le terrain d’une mise en pièces de tout le système de protection sociale. En effet, pourquoi les salariés de demain accepteraient de payer les retraites de leurs aînés, s’ils n’ont pas la certitude d’être correctement couverts plus tard ? Dès lors, plus rien n'empêchera la mise en concurrence avec des assurances d’une Sécurité sociale qui n’aurait, dès lors, plus de raison d’être obligatoire. Ce libre choix de verser les cotisations sociales n’est-il pas revendiqué depuis des lustres par une partie du patronat?
Non content de faire une réforme systémique le gouvernement tripatouille les paramètres actuels de départ en retraite dès l'année prochaine entrainant le recul de celui-ci. Il enferme le futur système dans une loi d’airain qui bloquera au niveau actuel de 14% toute évolution de la part des richesses créées destinées au financement des retraites. De fait, il condamne les Français à une baisse programmée des pensions. Et les « garanties » de gouvernance qu’il prétend mettre en œuvre pour fixer l’évolution des pensions ne sont que poudre aux yeux. On a vu avec quelle rapacité Macron a fait main basse sur la gouvernance et la gestion de l’assurance chômage pour imposer des mesures ineptes et injustes.
Dans cette nouvelle séquence de la mobilisation, on ne peut pas exclure que l’exécutif ait fait le choix d’introduire l’âge d’équilibre, pour mieux y renoncer afin de donner du crédit aux organisations syndicales qui trouvent grâce à ses yeux. Le retrait de l’âge pivot serait à mettre au crédit de la mobilisation, mais il ne suffira pas à rendre cette réforme plus désirable. C’est toute sa philosophie qui est néfaste. Il est donc plus que jamais nécessaire de faire grandir la mobilisation et notamment ce mardi 17 décembre et surtout ne rien lâcher.