Lula libre, le combat continue
Après 18 mois d’emprisonnement, l’ex président Lula vient d’être libéré. C’est une immense joie pour les syndicalistes du monde entier qui ont mené campagne pour sa... Lire la suite
C'est une situation très complexe qui se présente pour le deuxième tour de ces élections.
Durant ces deux dernières années, le gouvernement illégitime qui lui a succédé a mis en œuvre une politique d'attaques des droits des travailleurs ; privatisation des services publics, ouverture des réserves pétrolières aux entreprises étrangères, une réforme du droit du travail. En deux ans, le chômage est passé de 4,9%, à près de 14%. Les chômeurs sont aujourd'hui au nombre de 13 millions.
C'est cela, le résultat des politiques d'austérité. Les médias dominants ont soutenu ces mesures tout en discréditant la politique. C'est à cause de cela qu'a pu émerger ce personnage bien pire que Donald Trump, un militant d'extrême-droite, que nous considérons comme un fasciste. C'est sur ce terreau qu'il a pu grandir. En parallèle, il y a eu une immense campagne de désinformation et de fake news via les réseaux sociaux.
En premier lieu, lui et ses soutiens menacent réellement l'ordre démocratique, la Cour suprême, l'opposition, les syndicats, les mouvements sociaux… Sa campagne vise à effrayer les milieux religieux traditionnellement très à droite, notamment les évangélistes et pentecôtistes qui représentent quelque 35 % de la population. Cela passe par la peur d'un gouvernement pro LGBT qui serait favorable aux abus sexuels des enfants et d'autres absurdités de ce style. Il dénonce le fait que le gouvernement du PT agissait en faveur des minorités : gays, noirs, indiens.
Il n'y a pas d'agenda économique et politique, mais on sait qu'il y aura de grandes privatisations, des coupes dans les services publics, dans les politiques sociales. Ce sera le pire du pire d'une politique d'austérité, une véritable tragédie pour le Brésil. Il s'agit d'un ancien militaire qui pourrait remettre en cause les fondements de la démocratie et la séparation des pouvoirs ; exécutif, parlementaire et judiciaire.
Cette question est fondamentale, mais nous en tant que syndicats, devons nous préparer à ce scénario du pire. Du point de vue économique, il faut s'attendre aussi à des fermetures d'entreprises, des investissements étrangers qui vont se retirer du Brésil, des boycotts émanant d'autres pays. Il y aura un effondrement de l'activité économique.
Nous venons de recevoir un message du syndicat américain AFL-CIO, qui a écrit à Mike Pompeo, ministre des Affaires étrangères de Trump, pour le mettre en garde sur les conséquences d'une déstabilisation de la démocratie au Brésil. On n'espère pas grand-chose de Mike Pompeo, mais avant tout on va se battre jusqu'à la dernière minute pour empêcher l'accession de ce type au pouvoir.
Il y a eu de grandes manifestations de soutien à Fernando Haddad cette semaine, dont une très grande à Rio de Janeiro. C'est une bataille entre la barbarie et la civilisation. Il y a eu un fort taux d'abstention lors du premier tour, plus de 30%. Il y a donc toujours une chance. Mais si le mauvais scénario devait se produire, il ne faudrait pas seulement mobiliser la solidarité des syndicats, mais se tourner vers d'autres pays, et particulièrement l'UE, qui est le second partenaire commercial du Brésil après la Chine.
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