À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
LOI TRAVAIL

Face au coup de force, la mobilisation s’amplifie

11 mai 2016 | Mise à jour le 14 février 2017
Par | Photo(s) : Simon Guillemin/AFP
Face au coup de force, la mobilisation s’amplifie

Alors que le gouvernement a décidé d'un coup de force pour faire passer la loi dite « Travail », le mouvement syndical appelle à durcir et à amplifier le mouvement.
Premier nouveau rendez-vous de mobilisation le 12 mai.

Une fois de plus, le gouvernement de Manuel Valls a donc décidé de passer en force. Faute de majorité, il a choisi mardi 10 mai le recours à l'article 49.3, comme pour la loi « Macron » en 2015, pour imposer la loi dite « travail ».

Il entend ainsi passer outre le vote du Parlement en engageant la responsabilité du gouvernement. Un tel coup de force représente surtout un aveu d'échec, alors que plus de 70 % des citoyens s'opposent au projet de loi selon tous les sondages.

Après « un processus antidémocratique depuis le début », rappelle la CGT, « la non-consultation des organisations syndicales avant l'écriture du texte, les rencontres éclair avec la ministre du Travail », le gouvernement méprise donc à la fois les parlementaires, les citoyens, et les mobilisations à l'appel d'un mouvement syndical (CGT, FO, FSU, Solidaires, syndicats d'étudiants et de lycéens…) pourtant porteur de propositions alternatives. Manuel Valls a même tenté de nouveau mardi de délégitimer ces semaines de mobilisations unitaires.

MAINTENIR COÛTE QUE COÛTE L'INVERSION DE LA HIÉRARCHIE DES NORMES

« Nous nous sommes battus pour convaincre », mais « il y a une vraie opposition sur la philosophie même du texte, nous l'assumons », a avoué Manuel Valls aux députés.

« Poursuivre le débat parlementaire fait courir le risque de revenir sur l'ambition du projet de loi, de renoncer à sa cohérence », a ajouté le premier ministre, qui évoque des compromis, mais entend garder intacte la « philosophie » du texte, selon laquelle, comme le précise l'exposé des motifs, « la primauté de l'accord d'entreprise en matière de durée du travail devient le principe de droit commun ».

Cette philosophie qui inverse la hiérarchie des normes, – principe fondamental du droit du travail français et élément protecteur et égalitaire –, en permettant à l'entreprise de déroger à la loi ou à l'accord de branche, et qui a conduit des centaines de milliers de salariés et de jeunes dans la rue.

C'est d'abord à ce principe que veut s'attaquer le gouvernement pour répondre aux exigences du Medef. Pour tenter de calmer la colère des salariés et des jeunes, Manuel Valls avait d'abord accepté de supprimer du projet de loi certaines dispositions, comme le plafonnement des indemnités prud'homales, puis tenté de faire taire la jeunesse en présentant plusieurs mesures spécifiques et en annonçant des cotisations sociales plus importantes pour les CDD et autres contrats courts.

Il vient d'annoncer qu'il renvoie cette disposition à la négociation entre organisations patronales et syndicales, à la grande satisfaction du Medef, qui n'hésite pas à menacer de quitter la négociation sur l'assurance chômage.

AMPLIFIER ET DURCIR LA MOBILISATION

Dès mardi, des milliers de citoyens se sont rassemblés un peu partout en France à l'appel des Nuits debout.

Au Parlement, le gouvernement est menacé de deux motions de censure divergentes.

Celle de la droite, affichant sans complexe son mépris des citoyens et salariés mobilisés, et qui voudrait que le texte donne plus encore satisfaction aux demandes du patronat.

Celle d'une gauche refusant la philosophie générale du texte, dénoncée comme une régression considérable du droit du travail.

Le FN, lui, qui n'a eu de cesse de dénoncer les manifestations syndicales et même de demander « la dissolution des milices d'extrême gauche », mais aussi de dénoncer le projet de loi tout en revendiquant plus de déréglementation, le FN donc, se tient en embuscade. Le gouvernement a donc choisi de prendre ce risque, quitte à jouer dès lors d'un chantage sur l'avenir politique du pays.

Dans un tel contexte, le mouvement social se voit porteur d'une grande responsabilité spécifique.
La CGT, saluant « une mobilisation exceptionnelle (qui) a pris racine en France pour combattre le projet de loi “travail” et porter l'exigence de nouveaux droits sociaux pour les salariés », a appelé dès mardi soir à durcir le mouvement et à amplifier la mobilisation.

D'ores et déjà, du reste, plusieurs professions ont déposé des préavis de grèves dès le 17 mai, parfois de grèves reconductibles. Ensemble, réunies dès le soir de l'annonce de Manuel Valls, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL, ont appelé à « amplifier les mobilisations déjà engagées le 12 mai sur tout le territoire ».

Elles « invitent leurs structures à organiser des assemblées générales avec les salarié-e-s pour débattre des modalités d'actions, de la grève et de sa reconduction. » et « appellent leurs organisations à construire deux nouvelles journées de grèves et manifestations le mardi 17 mai et le jeudi 19 mai prochains. »

N'écartant « aucun type d'initiatives pour les semaines à venir, y compris une manifestation nationale », elles ont décidé de « s'adresser ensemble au président de la République pour être reçues rapidement » et prévoient une nouvelle réunion dès le début de la semaine prochaine pour décider de nouvelles mobilisations.