Quel retour à la scène et à l’emploi pour les festivals ?
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Après des mois de fermeture, 260 spectateurs sont attendus mercredi soir — le maximum autorisé actuellement par les mesures sanitaires — pour applaudir Isabelle Huppert dans « La ménagerie de verre ». Sauf que la salle de spectacle reste séparée en deux et que direction et occupants se disputent l'usage de chaque pièce.
« Au-delà du 19 mai, on veut maintenir une vraie occupation. On ne va pas rester dans une petite salle. On veut poursuivre les assemblées générales », a expliqué vendredi à l'AFP, Karine Huet, secrétaire générale adjointe du SNAM-CGT (Union Nationale des Syndicats d'Artistes Musiciens de France), dans le foyer du public de l'Odéon. Frigos, micro-ondes, machines à cafés ainsi qu'un bar reconverti en cuisine trônent dans cette pièce à colonnades, épicentre de la vie commune de la quarantaine d'occupants du théâtre.
Le mouvement d'« occupation » des théâtres, parti le 4 mars de l'Odéon, a essaimé dans une centaine de salles à travers la France. Les occupants réclament la prolongation d'un an de l'« année blanche » accordée aux intermittents (elle vient d'être allongée de quatre mois) et le retrait de la réforme de l'assurance chômage, qui entre en vigueur le 1er juillet et menace de diminuer les allocations des intermittents de l'emploi comme les guides-conférenciers.
« Aujourd'hui, les occupants portent des revendications qui dépassent largement le cadre du spectacle vivant », estime le directeur de l'Odéon Stéphane Braunschweig. « Elles devraient s'exprimer ailleurs que dans les théâtres qui ont déjà été si touchés par la crise ».
Il est le cosignataire, avec trois autres directeurs de théâtres publics, d'un appel à « lever les occupations », diffusé mercredi, qui a suscité des remous.
« Ils sont sur une position qui les ridiculise par rapport à la profession qui dans une majorité est plutôt favorable à ce que l'on se batte tout en respectant les spectacles », fustige le secrétaire général de la CGT spectacle, Denis Gravouil, rappelant l'importance des « droits des intermittents de l'emploi ».
« On est empêché de travailler et on ne devrait vivre qu'avec les indemnités accumulées ? », renchérit Sophie Bigone, guide touristique de 57 ans reconvertie comme secrétaire à mi-temps, qui participe à l'occupation… et n'a pas l'intention de lever le camp. Maître d'hôtel, Guillaume Renouard, 42 ans, aime son « métier de passion et de passionnés » et se félicite de participer à l'occupation. « On nous a fait entrer ici, car on n'a pas de syndicat », explique celui qui n'a « jamais été militant, jamais été politique » : « depuis on nous a appris à faire des banderoles, à organiser un cortège, à parler aux médias ».
Pendant ce temps, artistes et techniciens préparent la représentation de mercredi dans une salle de spectacle scindée : la scène et la fosse aux équipes du théâtre, les loges et les balcons aux occupants. Pour des raisons sanitaires, « on est obligé d'avoir des portes fermées à clé, la circulation n'est pas libre. Ce sont des conditions de travail très difficiles », déplore le directeur du théâtre qui s'agace de ce que les occupants dorment dans les loges. Sacs de couchage et trousses de toilette tapissent les lieux.
De l'autre côté de la coursive qui dessert les loges, on s'active autour d'une table recouverte de matériel informatique.
William Leveugle, ingénieur du son de 33 ans, dénonce le « cloisonnement » imposé par la direction entre les occupants et les intermittents, « des gens avec qui certains d'entre nous travaillent en dehors ». « Le dialogue n'est pas rompu. On est en train de négocier », promet Stéphane Braunschweig. « Nous avons les moyens de trouver un accord. Nous en sommes persuadés », abonde Denis Gravouil, de la CGT spectacle.
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