8 décembre 2020 | Mise à jour le 8 décembre 2020
La fin d'une longue histoire et le début d'une nouvelle ère : le géant britannique de la chimie Ineos a racheté lundi soir à l'allemand Daimler le site mosellan de la Smart à Hambach pour y produire son 4×4 Grenadier.
Selon Smart France, Ineos et Daimler, propriétaire des marques Smart et Mercedes, devaient officialiser dans la journée de mardi par des communiqués ce rachat évoqué par Le Républicain Lorrain et confirmé à l'AFP par une source proche de la direction.
Le 27 octobre 1997, le chancelier allemand Helmut Kohl et le président français Jacques Chirac avaient inauguré le site en grande pompe. Mais sans la photo pour l'histoire réclamée par la presse, les deux dirigeants s'estimant, l'un trop grand et l'autre trop corpulent pour se glisser dans l'habitacle exigu de la mini-citadine qui avait alors révolutionné le monde de l'automobile.
Vingt-trois ans plus tard, le Covid-19 a eu raison du site historique de la Smart, un concept imaginé par Nicolas Hayek dans l'esprit des montres Swatch qui avaient fait sa fortune.
En juillet, à la sortie du premier confinement, Daimler avait laissé les salariés de Smart abasourdis, annonçant son intention de mettre en vente le site mosellan en raison de difficultés financières liées à la crise sanitaire. Le groupe allemand avait pourtant investi quelque 500 millions d'euros sur ce site pour permettre la fabrication de Mercedes électriques.
Le 12 novembre, soit trois jours avant le terme officiel de la consultation engagée par la direction du site avec les syndicats, le comité social et économique (CSE) de l'usine avait donné son accord à la reprise par Ineos.
Le CSE avait alors dit apprécier « favorablement le projet de cession », soulignant que cette opération devait assurer « la continuité de l'emploi pour les salariés du site de Hambach » même s'il estimait que « certains points pourraient être améliorés ».
1 300 emplois « sécurisés »
Ineos prévoit de produire à Hambach à compter de 2022 son 4×4 Grenadier qui marquera l'entrée du groupe chimique britannique dans le secteur automobile.
De son côté, Daimler s'est engagé à assurer la transition en poursuivant jusqu'en 2024 la production de Smart électriques sur le site ainsi que celle de la face avant du nouveau SUV électrique Mercedes.
Selon une source proche de la direction, « 1 300 emplois sur les 1 500 salariés du site ont été sécurisés ». Pour les 200 autres, il faut encore « rechercher d'autres projets ».
Parmi les pistes envisagées : la construction par REC Solar France, filiale du danois REC Group, d'une usine de panneaux photovoltaïques juste en face de « Smartville » avec, à la clef, la création d'ici 2025 de 1 800 emplois. Mais ce projet n'en est pour le moment qu'au stade de la concertation.
Le constructeur allemand Daimler a une « responsabilité envers l'ensemble des personnes qui travaillent sur le site », avait souligné cet été la ministre déléguée à l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, en visite sur place.
Parmi les réserves exprimées à la mi-novembre par le CSE, figurait la motorisation du futur Grenadier, un « véhicule thermique fortement émetteur de CO2 » risquant d'être « de plus en plus difficile à vendre à partir de la deuxième moitié de cette décennie ».
Dans un communiqué, la CGT avait ainsi demandé au repreneur de « développer d'autres motorisations », estimant que le moteur du 4×4 se trouve « à contre-courant de ce qui se fait dans l'automobile », où les motorisations électriques ont le vent en poupe.
Un partenariat a toutefois été conclu entre Ineos et le sud-coréen Hyundai le 23 novembre afin d'« explorer les nouvelles possibilités » offertes par la production d'hydrogène et ses applications technologiques. Il pourrait ainsi permettre à Hyundai de fournir sa technologie de piles à hydrogène pour équiper le véhicule d'Ineos.