« Ras le viol » : les féministes en nombre dans la rue contre les violences sexistes
Souvent à l'écart des « gilets jaunes », des défilés dans une cinquantaine de villes en France se sont parés de violet, couleur choisie par le mouvement #NousToutes pour ces marches organisées à la veille de la journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes. Des manifestations comparables ont eu lieu dans des métropoles européennes, notamment Rome, Athènes et Genève.
« C'est la plus grosse mobilisation (féministe) qu'on ait connue en France« , s'est félicitée son instigatrice, Caroline De Haas, annonçant 50 000 personnes dans les rues, dont 30 000 à Paris.
Beaucoup de manifestants arboraient des pancartes « Ras le viol », réclamant la fin de « l'impunité des agresseurs » et « des moyens financiers suffisants » pour la lutte contre ces violences.
De Rennes à Lyon et Toulouse, les cortèges étaient composés en majorité de femmes de toutes générations, mais aussi d'hommes. Pour Tanguy, un étudiant rennais de 19 ans, « c'est un mouvement qui n'a pas de sexe ».
« La rue est à nous toutes »
« Le sexisme tue », « la rue est à nous toutes », « un non est un non », pouvait-on lire sur les pancartes lilloises, à côté de drapeaux de mouvements politiques (Générations, EELV) ou syndicaux (CGT et Sud).
Né en septembre et appuyé par plusieurs associations, le mouvement #NousToutes entendait « passer de témoignage à l'action » un an après #MeToo, qui a fait bondir de 23 % le nombre de cas de violences sexuelles signalées à la police.
En France, en 2016, 123 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, soit environ une tous les trois jours. Chaque année, près de 220 000 femmes subissent des violences de la part de leur conjoint ou ex-compagnon, selon des chiffres 2017 officiels. En outre, plus de 250 femmes sont violées chaque jour, et une sur trois a déjà été harcelée ou agressée sexuellement au travail.
Il y a un an, Emmanuel Macron avait décrété l'égalité femmes/hommes « grande cause du quinquennat », lors d'un discours à l'Élysée. Mais « s'il n'y a pas d'argent, les politiques publiques ne suivront pas », a alerté Caroline De Haas. Les fonds consacrés à aider les femmes victimes de violences conjugales devraient être portés à au moins 506 millions d'euros par an, contre 79 aujourd'hui, ont plaidé cette semaine cinq organisations, dont le Conseil économique, social et environnemental (CESE).