13 décembre 2021 | Mise à jour le 13 décembre 2021
Universitaires, artistes et représentants syndicaux, parmi lesquels l’économiste Thomas Piketty ou le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, s’élèvent contre le choix de la France de soutenir l’ancienne ministre du Travail Muriel Pénicaud pour diriger l’Organisation internationale du Travail, dans une tribune publiée vendredi sur le site du Monde.
« Diriger l’OIT requiert évidemment un respect scrupuleux des normes internationales du travail et un engagement avéré en faveur de la justice sociale », rappellent les signataires, qui estiment que « la question se pose » de savoir « si Mme Pénicaud remplit ces conditions ».
Son ministère, de mai 2017 à juillet 2020, « a été marqué par des réformes qui ont toutes eu pour objet d’affaiblir les droits et les libertés individuelles et collectives des travailleurs », soulignent-ils, citant entre autres une « réforme si brutale des conditions d’indemnisation du chômage qu’elle a dû être ajournée pour faire face à la crise sanitaire » ou encore l’instauration d’un barème d’indemnisation des victimes de licenciements illégaux.
« Un certain nombre de ces réformes ont donné lieu à la saisine des organes de supervision de l’OIT pour infraction à six conventions internationales du travail ratifiées par la France », rappellent-ils, ce qui signifie que Mme Pénicaud pourrait diriger « une organisation qui enquête sur la légalité internationale des dispositions qu’elle a promues dans ses précédentes fonctions ».
Ils rappellent aussi qu’alors qu’elle était directrice des ressources humaines du groupe Danone, Mme Pénicaud a « réalisé en 2013 plus d’un million d’euros de plus-value sur ses stock-options, en profitant de l’annonce de la suppression de 233 postes dans son entreprise », et se demandent si c’est ce « qu’on est en droit d’attendre à la tête d’une organisation dont la mission est d’assurer à l’échelle mondiale la primauté des aspects humains et sociaux sur les considérations financières ».
Parmi les signataires figurent le président de la CFE-CGC, François Hommeril, l’ancien secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, l’ancienne présidente de la Commission nationale consultative des droits de l’homme Christine Lazerges, mais aussi des universitaires comme l’économiste Michel Aglietta ou la sociologue Dominique Méda, des artistes comme l’écrivain Gérard Mordillat ou l’actrice Corinne Masiéro.
Mme Pénicaud s’est déclarée candidate à la direction de l’OIT le 30 septembre, pour prendre la succession du Britannique Guy Rider en octobre 2022. Elle affrontera trois autres candidats lors de l’élection en mars.