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SNCF

Un conflit sur fond de malaise social persistant à la SNCF

22 octobre 2019 | Mise à jour le 22 octobre 2019
Par et
La SNCF est-elle un baril de poudre prêt à exploser ? Suppressions de postes en cascade, réorganisations qui se succèdent, mal-être des salariés : le conflit survenu après l'accident de TER s'inscrit dans un contexte de malaise social dénoncé depuis des mois par les syndicats.

Les cheminots « sont inquiets, en colère », « la situation sociale est alarmante », avertissaient fin mai les quatre syndicats représentatifs de la SNCF (CGT, Unsa, SUD et CFDT). Des propos tenus lors de leur première conférence de presse unitaire organisée depuis la grande grève du printemps 2018, qui n'avait pas réussi à bloquer le vote de la réforme du rail.

Guillaume Pepy, le patron de la SNCF — qui passera le relais le 1er novembre à Jean-Pierre Farandou —, reconnaissait lui-même qu'« il y avait beaucoup d'interrogations » et, « franchement, de l'inquiétude » chez les salariés avant l'ouverture à la concurrence et la fin des embauches au statut de cheminot.

Un accident met le feu aux poudres

Cinq mois plus tard, un accident de TER dans les Ardennes met le feu aux poudres. Blessé, sans moyens de communication en état de fonctionnement, le conducteur était seul à bord mercredi dernier avec quelque 70 passagers, sans contrôleur. Touché à une jambe, il doit porter secours aux voyageurs, dont une dizaine de blessés, et sécuriser les abords pour éviter un suraccident.

Le lendemain, des conducteurs de la région cessent le travail en exerçant leur droit de retrait pour alerter sur la sécurité. Le mouvement fait tache d'huile. « Avec le bouche-à-oreille et le ras-le-bol généralisé sur la dégradation de la sécurité », ce « dépôt de sac » est « en train de s'étendre à tout le pays », prévient jeudi soir Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots, premier syndicat de la SNCF.

Résultat : vendredi, c'est la pagaille dans les gares, avec un trafic national et régional perturbé, à la veille des vacances scolaires. Des perturbations qui se poursuivront les jours suivants en s'atténuant progressivement.

« Une situation explosive »

Cet accident était « l'accident de trop », a résumé Erik Meyer de SUD-Rail. Cet « événement de sécurité majeur » a été « l'étincelle » dans « un climat social dégradé et un dialogue social inefficient », a estimé Sébastien Mariani de la CFDT-Cheminots.

Le « contexte social est tendu et anxiogène » à la SNCF, où « les salariés ont besoin de sécurité, d'écoute, de transparence sur la protection tant des emplois que des conditions de travail », a souligné l'Unsa ferroviaire (2e syndicat).

Au total, il y a eu « entre 15 000 et 20 000 droits d'alerte sur 23 000 conducteurs et contrôleurs », a précisé Laurent Brun lundi à l'AFP. « L'ampleur de ces droits d'alerte est le résultat d'un ensemble de facteurs : la dégradation de la sécurité vécue » par les cheminots « avec des craintes pour leur vie personnelle, et plus généralement l'impression qu'on nous en demande de plus en plus avec de plus en plus de mépris », a-t-il jugé. « La situation est explosive », a-t-il averti.

Une situation sociale dégradée à tous les niveaux

Même constat pour le syndicat des cadres CFE-CGC (non représentatif) : « La réaction des cheminots est le fruit d'un évènement sécurité grave, associé à un climat social dégradé par l'inexorable diminution des effectifs (-2 700 postes en 2018, -2 200 en 2017, NDLR), notamment ceux en lien avec la sécurité de l'exploitation ferroviaire et une direction SNCF sourde aux propositions des syndicats ».

S'y ajoutent les incertitudes sur le secteur ferroviaire. À moins de quatre mois de l'entrée en vigueur de la réforme, le nouveau cadre social à la SNCF reste à l'état de projet. Idem pour la convention collective nationale de la branche ferroviaire. Une réunion sur les rémunérations du secteur a d'ailleurs été annulée lundi en raison de la crise du week-end à la SNCF.

La mobilisation de l'ensemble des cheminots pourra être évaluée le 5 décembre : trois syndicats représentatifs (CGT, Unsa et SUD) appellent à la grève, notamment contre la réforme des retraites. Les deux derniers syndicats plaident même pour un mouvement reconductible.