30 septembre 2021 | Mise à jour le 30 septembre 2021
Un demi-million de personnes âgées ne rencontrent jamais ou quasiment jamais d'autres personnes, un nombre qui a augmenté de 77 % en quatre ans, alerte l'association Les Petits Frères des Pauvres dans une étude publiée jeudi. La crise du Covid-19, avec les restrictions sanitaires, « a précipité celles qui avaient un tissu relationnel fragile dans un isolement intense », observe l'association dans la deuxième édition de son baromètre « Solitude et isolement quand on a plus de 60 ans en France en 2021 ».
Le nombre de séniors isolés des cercles familiaux et amicaux a plus que doublé (+122 %) en quatre ans, passant de 900 000 en 2017 à 2 millions en 2021. Cette forte hausse est « une des conséquences de plus de 15 mois de crise sanitaire » qui a mis un frein aux rencontres. 1,3 million de personnes âgées ne voient jamais ou quasiment jamais ses enfants et petits-enfants, contre 470 000 lors du précédent baromètre en 2017.
L'association prend en compte quatre cercles de sociabilité pour mesurer l'isolement des personnes âgées : famille, amis, voisinage, associations. 530 000 personnes âgées ne sont plus dans aucun de ces cercles. « Entre 2017 et 2021, notre mesure de l'indicateur de mort sociale a quasiment doublé », relève Yann Lasnier, délégué général des Petits Frères des Pauvres, une association engagée dans la lutte contre la solitude des séniors.
« Les liens avec les amis et les réseaux associatifs ont le plus pâti des confinements successifs », relève-t-elle dans cette étude publiée à l'occasion de la Journée internationale des personnes âgées le 1er octobre. 3,9 millions de personnes âgées, soit une sur cinq, n'ont pas ou quasiment pas de relations amicales, contre 1,5 million en 2017.
Regrettant l'abandon de la loi Grand Âge promise par le gouvernement, les Petits Frères appellent à « faire de la lutte contre (leur) isolement un axe majeur dans la construction de politiques publiques de prévention de la perte d'autonomie ». Dans ses préconisations, l'association propose de « produire des données officielles régulières sur la solitude de la population » et d'inclure l'isolement dans les critères pour évaluer la perte d'autonomie.
Elle suggère aussi de « ne pas faire de l'isolement relationnel un nouveau business et ne pas proposer seulement une société de surveillance des personnes âgées ». Au contraire, elle souhaite « une politique de sensibilisation des plus jeunes au vieillissement et à l'isolement des personnes âgées ».