Disparition de Marcel Bluwal, réalisateur engagé
Marcel Bluwal, décédé samedi, était l'un des derniers réalisateurs mythiques de l'âge d'or de la télévision, ainsi qu'un passionné de théâtre. Il fut aussi... Lire la suite
Ce lundi 25 janvier est un jour à ne pas manquer pour la direction de France 3, avec l'inauguration d'une nouvelle tranche de programmes régionaux, qui avance à 18 h 30 un décrochage jusqu'à maintenant fixé à 18 h 53. France Télévisions promet « un nouveau rendez-vous quotidien d'information et de proximité ». L'intersyndicale CGT, SNJ et Sud, qui appelle à la grève depuis le 18 janvier, dénonce « un projet de sous-télévision régionale ».
Ce « 18 h 30 » représente, sans compter le travail en plateau, « 13 minutes d'émissions supplémentaires à fabriquer, ce qui est beaucoup en télévision », précise Danilo Commodi, journaliste à la rédaction locale du Havre (Seine-Maritime) et délégué syndical central SNJ-CGT. Le tout « à moyens constants », puisque la direction se contente d'évoquer « une politique de rééquilibrage des moyens » des antennes régionales « les mieux dotées vers les moins bien dotées ».
Alors même que le réseau régional de France 3 perd chaque année des dizaines de postes – 21 prévus en 2021 – et que la direction de France Télévisions vise 2 000 départs en « rupture conventionnelle collective » d'ici fin 2022, dont seulement la moitié compensée par des embauches.
« Nous sommes une petite antenne. Nous sommes déjà à l'os pour les effectifs et on nous demande encore plus d'émission. Forcément, cela cristallise les mécontentements », témoigne Antoine Morel, journaliste au bureau de Poitiers (Vienne) et élu SNJ-CGT. « Une édition supplémentaire imposée à marche forcée sera préjudiciable à la santé et à la qualité de vie au travail », prédit une motion des élus (CGT et CFDT) de France 3 Poitou-Charentes.
Ces derniers décrivent une équipe « déjà sous tension avec des postes non remplacés et une charge de travail accrue depuis plusieurs années ». Une situation qui entraîne, sur tout le réseau régional de France 3, la multiplication des éditions de JT communes à plusieurs antennes et la diffusion répétée d'un même sujet d'une antenne à une autre. « À l'inverse, nous militons à fond pour conserver le plus de proximité possible », commente Danilo Commodi.
Pour alimenter cette nouvelle tranche, souligne le journaliste, « certaines régions pratiquent un mélange des genres », comme la diffusion d'interventions de téléspectateurs qui se filment eux-mêmes avec un smartphone.
L'autre danger, c'est la surcharge de travail. « Les scripts, qui ont en charge l'élaboration du conducteur d'un journal régional de 20 minutes, devront désormais gérer 40 minutes. C'est une surcharge énorme. La direction ne veut pas mettre en place de vacations supplémentaires, il faudra donc prendre les ressources sur d'autres missions », illustre Pierre Mouchel, secrétaire général du SNRT-CGT à France Télévisions. « On confie de plus en plus de tâches techniques aux journalistes, par exemple la transmission des directs avec un boitier. Et il n'y a pratiquement plus de preneur de son pour les reportages du JT », ajoute Danilo Commodi.
L'intersyndicale demande de « repousser à septembre la mise à l'antenne » du « 18 h 30 », afin « d'évaluer les moyens humains nécessaires dans chaque région », et « d'espérer sortir d'une crise sanitaire peu propice au lancement de nouveaux projets ». France 3 Corse a obtenu un tel report. « Ce qui est possible en Corse ne le serait pas dans le reste du réseau ? », interroge l'intersyndicale. Elle assure n'avoir obtenu que « des justifications alambiquées ».
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