Simon Delétang, planches de salut
Tout juste entré en fonction, le directeur du Théâtre du Peuple de Bussang (Vosges) a dû se résoudre, crise sanitaire oblige, à annuler le festival d’été. Une première... Lire la suite
Lever de rideaux : une vieille femme dans un fauteuil roulant, face au public, regarde un feuilleton télé, dont le son nous parvient. Autour d'elle, une kitchenette, un poêle et une table. Quand la porte s'ouvre, le vent s'engouffre violemment et apparaît une jeune femme en doudoune rouge. Sitôt arrivée, elle va préparer, énervée, un porridge pour Mag, sa mère. On comprend vite que la fille en a par-dessus la tête d'être coincée ici à supporter les exigences d'une mère acariâtre, qui vide son pot de chambre dans l'évier et chipote sur les grumeaux.
Attaques et humiliations fusent entre elles : « Tu crois qu'c'est quoi, mon bonheur ? De rester collée ici avec toi à sécher sur pied comme une vieille ? », balance Maureen à sa mère. À 40 ans, encore vierge, la belle Maureen rêve de liberté et d'amour. Pas facile à trouver à Leenane, petit village paumé d'Irlande, d'autant que la mère veille au grain pour faire capoter les rares occasions…
Elle ne transmettra pas le message du jeune voisin un peu gauche, Ray Dooley (génialement campé par Arnaud Dupont), venu pour leur faire part d'une fête, organisée pour la venue de son frère Pat, exilé en Angleterre, et d'une cousine américaine. Heureusement, Maureen le croisera sur la route et pourra s'y rendre. Robe noire moulante et hauts talons dorés, la voilà parée pour festoyer un brin. Le soir, elle rentrera au bras de Pat pour une nuit d'amour qui promet d'être torride. Reparti pour l'Angleterre, il écrira à sa « reine de beauté » pour lui proposer de le suivre en Amérique. Mais là encore, la mère de Maureen s'échinera à faire échouer le beau projet. Tout ça finira mal…
La reine de beauté de Leenane, premier succès de Martin MacDonagh, dramaturge et cinéaste (on lui doit notamment Bons baisers de Bruges) d'origine irlandaise, est une comédie noire, qui aborde avec humour et subtilité les frustrations des personnages, plantés par un quatuor de comédiens épatants.
Outre Arnaud Dupont, qui détonne en jeune idiot du village, et Grégori Baquet qui incarne avec brio un prétendant plein de tendresse, Catherine Salviat excelle en mère cruelle, quand Sophie Parel nous livre une Maureen tout à la fois fragile et féroce. Un spectacle à ne pas manquer !
La reine de beauté de Leenane, de Martin MacDonagh, mise en scène de Sophie Parel.
Jusqu'au 16 octobre, au Lucernaire. 53 rue Notre-Dame-des-Champs – Paris 6e.
Tout juste entré en fonction, le directeur du Théâtre du Peuple de Bussang (Vosges) a dû se résoudre, crise sanitaire oblige, à annuler le festival d’été. Une première... Lire la suite
Pour sa 73e édition, le Festival d'Avignon réunit quelque 1 600 spectacles à travers 150 lieux différents. L'occasion pour les syndicats de la CGT Spectacle d'aller à la... Lire la suite