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PALESTINE

Gaza, non aux crimes de guerre israéliens

16 mai 2018 | Mise à jour le 16 mai 2018
Par | Photo(s) : Said Khatib / AFP
Gaza, non aux crimes de guerre israéliens

Des infirmières palestiniennes aident une collègue blessée par des tirs israéliens à la frontière entre la Palestine et Israël, à l'est de Khan Younès à Gaza, le 15 mai 2018, jour anniversaire de la proclamation de l’État d’Israël, la Nakba (jour de la catastrophe) pour les palestiniens.

Le déménagement de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem en violation du droit international a mis le feu aux poudres. Contre les manifestants palestiniens, l'armée israélienne a tiré à balles réelles, faisant des dizaines de morts et des milliers de blessés. À Paris, un rassemblement est organisé le 16 mai en faveur de la paix. La CGT appelle à la solidarité. Analyse.

Au moins 52 Palestiniens assassinés, dont huit enfants, plus de 2 700 autres blessés. C'est par ce massacre, le plus important depuis son offensive meurtrière contre la population de Gaza en 2014, qu'Israël a choisi de répondre à la nouvelle marche pacifique de civils palestiniens désarmés à la frontière du minuscule territoire de Gaza, le 14 mai. Plusieurs bataillons et des centaines de snipers étaient mobilisés et ont ainsi de nouveau tiré sur ces civils, comme du gibier sur un terrain de chasse.

Série de massacres

Dès mardi, la CGT a, dans un communiqué, condamné ce massacre. Elle exige à nouveau la levée immédiate du blocus de Gaza et demande au gouvernement français d'adopter une position ferme contre ces crimes et d'agir énergiquement dans ce sens (…) Elle appelle toutes les organisations de la CGT à intensifier les efforts de solidarité avec les travailleurs et syndicats palestiniens dans leur lutte pour la défense de leurs droits, pour une paix juste et durable dans la région. La CGT appelle à participer aux rassemblements de solidarité et de protestation dans toute la France. Déjà, le 30 mars, date de la première de ces « marches du retour » commémorant la Journée de la terre, 41 Palestiniens ont été tués, dont 4 enfants. Depuis, tous les vendredis, lors d'autres manifestations, les assassinats par dizaines se multiplient. Les journalistes figurent parmi les premières cibles.

À Gaza, territoire à la densité démographique la plus élevée au monde, les deux tiers de la population sont constitués de réfugiés de l'expulsion forcée de 1947-1948 et de leurs descendants. Depuis plus de quinze ans, la population subit un blocus qui s'est intensifié, en 2008, par un siège insupportable. En dépit des destructions massives liées aux dernières offensives militaires israéliennes, quasiment plus rien ne passe : ni matériaux de reconstruction, ni mêmes cartables, crayons, médicaments en nombre suffisant, que Tel-Aviv juge dangereux pour… sa sécurité. L'accès à l'électricité, aléatoire, ne dépasse pas quatre heures par jour. L'essentiel des nappes d'eau est pollué. Israël contrôle encore le ciel, les frontières terrestres, l'accès à la mer au point d'assassiner les pêcheurs qui se risquent à aller « trop loin » pour les bombardiers israéliens.

Depuis mars, ce sont les organisations de la société civile qui ont décidé de ces marches non violentes. Parmi les drapeaux palestiniens, on a pu voir flotter les portraits de Gandhi et de Nelson Mandela.

« Achever ce qui ne l'a été en 1948 »

Avant de sombrer dans le coma, l'ancien premier ministre israélien Ariel Sharon avait annoncé qu'il s'agirait désormais d'« achever ce qui ne l'a (vait) été en 1948 ». De quoi s'agit-il ? D'intensifier le processus de la Nakba (catastrophe, en arabe), entamé dès 1947. Quelque 800 000 Palestiniens ont été chassés de force de leurs terres et de leur pays selon un plan précis, soit par des massacres, soit par l'écho propagé de ceux-ci, soit par la menace des armes. Une entreprise systématique de confiscation des terres s'organise. Et ce, dans une logique de séparation ethnicoreligieuse, au point d'empêcher par les armes leur retour, toujours en violation du droit international.

Aujourd'hui, avec le soutien affiché de Donald Trump, les dirigeants israéliens accélèrent un processus de colonisation, d'annexion des zones les plus fertiles et les plus aquifères par un réseau de murs qui enclavent les zones d'habitation palestiniennes, ainsi que de répression massive de toute forme de résistance, même non violente. Des centaines d'enfants croupissent dans les geôles israéliennes, utilisés comme moyens de pression sur les familles.

Jérusalem, une provocation

Au jour du 70e anniversaire de la création d'Israël, Donald Trump a donc fait déménager l'ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. Une provocation vécue comme telle par les Palestiniens et un feu vert supplémentaire à la politique colonisatrice des dirigeants israéliens. Il s'agit bien d'une violation du droit international, Jérusalem, annexée illégalement par Israël ainsi que les villages palestiniens voisins inclus dans le « grand Jérusalem », étant en réalité « corpus separatum » selon le partage onusien de la Palestine de 1947, et une ville appelée à devenir la capitale de deux États, Israël et Palestine, dont l'un ne voit toujours pas concrètement le jour.

La solidarité et l'action

Appel à manifesterL'Association France-Palestine organise le 15 mai un grand concert de solidarité pour Jérusalem, et le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens (auquel participe la CGT) appelle à un rassemblement jeudi 16 mai à Paris (à 17 h 30, place de la République).

Dans leur grande majorité, les États ont condamné à l'ONU ce transfert illégal de l'ambassade américaine. De toutes parts se multiplient les condamnations du massacre par les organisations des sociétés civiles. À Tel-Aviv, plusieurs centaines de militants anticolonialistes israéliens se sont rassemblés pour dire non aux massacres et aux crimes de guerre. Certains pays, tels que la Belgique, ont réclamé une enquête indépendante. Pas la France où l'exécutif, qui a condamné « les violences des forces armées israéliennes », se contente pourtant d'appeler les parties « à la retenue » (sic !) et à en appeler à une solution de paix pour laquelle il ne fait rien. En revanche, aucune sanction n'est envisagée, et le commerce avec Israël se poursuit et même s'intensifie. Dont le commerce militaro-sécuritaire. Pour redorer le blason des dirigeants israéliens, une saison culturelle franco-israélienne est même envisagée cette année. L'impunité, pourtant, est ce qui permet aux dirigeants israéliens de poursuivre sans entraves leur politique meurtrière.