Grain de sable
C'est pas qu'il ait une vie vraiment triste Chevalier, mais pas trépidante non plus entre les trajets en Mobylette pour aller à l'usine, les parties de pêche au bord de l'étang avec son copain Ségur et les apéros plutôt silencieux au bar de Sidonie…
Toute sa vie dans le même village et sans femme : pas de quoi sauter au plafond.
Un samedi soir d'août, alors qu'il rentre chez lui après avoir réparé une machine au boulot, parce que « les pannes se fichent pas mal des fins de semaine et des jours fériés » et qu'il est trop tard pour passer au bistrot, il tombe sur une voiture accidentée.
Il se démène alors comme il peut pour extirper les trois passagers inanimés, au point de se déboîter l'épaule et de tomber dans les pommes.
SALOMÉ OU LA VRAIE VIE
Quand il se réveille, il apprend que les pompiers n'ont retrouvé que deux des trois passagers et que sa bécane comme ses papiers ont disparu. Rentré chez lui, non sans avoir été salué comme un héros par les habitants du bled, il va bientôt voir se pointer Ségur, accompagné d'une jolie jeune fille.
Une des rescapés dont personne ne semble se soucier et que Chavalier décide d'héberger.
Le monde entier, premier roman de François Bugeon, part un peu comme un polar aux saveurs rurales, mais évolue très vite vers un récit de vie qui bascule.
Salomé, après bien des heures de mutisme, va peu à peu se laisser apprivoisée par ce célibataire endurci autant que tendre et lui révéler par sa seule présence bien des pans de son existence, éclairant d'une lumière nouvelle les personnes qui l'entourent.
On suit ce réveil tout en finesse avec une tendresse grandissante pour ce Chevalier. Un bien beau roman pour l'été.
Le monde entier, de François Bugeon.
Éditions du Rouergue, 144 pages, 16 euros.