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PRÉCARITÉ

Grève à RFI

19 septembre 2018 | Mise à jour le 19 septembre 2018
Par | Photo(s) : Flickr/lentite1
Grève à RFI

Manifestation de salariés de RFI, avenue Montaigne à Paris, en 2009

La direction de RFI a décidé de ne plus payer ses cotisations sociales pour les correspondants à l'étranger, privant les intéressés de protection sociale. La nouvelle a fait l'effet d'un électrochoc parmi ces journalistes souvent déjà en grande précarité. La grève a débuté lundi.

Pas de journaux ce lundi 17 septembre sur Radio France International. À l'appel de l'ensemble des organisations syndicales, on recensait quelque 32 % de grévistes en moyenne, mais avec des services entiers — comme l'international notamment — totalement à l'arrêt. La grève y a été votée à 90 % lors d'une assemblée générale du personnel qui se tenait vendredi dernier au siège d'Issy-les-Moulineaux. Une grève assez atypique en soi, car suivie par les salariés titulaires, et évènement rarissime, par des salariés pigistes et correspondants à l'étranger. Ce sont en effet ces derniers qui sont affectés par une récente décision de la direction aux effets ravageurs.

Pas de couverture sociale

Addala Benraad, déléguée syndicale chez RFI explique la genèse du conflit : « La direction prétend qu'elle est contrainte de demander aux journalistes qui partent à l'étranger de cotiser à la sécurité sociale du pays où ils travaillent. Pour autant, et jusqu'à ces derniers jours, l'employeur cotisait pour ces salariés. En échange de l'arrêt de versement de ces cotisations, RFI propose maintenant d'abonder une participation à la Caisse des Français de l'étranger, mais cette caisse demande des taux de cotisations que les salariés ne peuvent se permettre de s'offrir. »  

Cette décision ferait suite à une mise en demeure de la Sécu qui oblige les non-résidents à dépendre de la sécurité sociale du pays de leur travail ou à cotiser à la Caisse des Français de l'étranger. Dépendre et cotiser à des régimes aussi divers que ceux des pays — parfois en guerre — ou travaillent les journalistes relèvent de la gageure. Les intéressés risquent d'avoir quelques difficultés pour se constituer une retraite… En compensation, la direction de France Médias Monde propose donc de verser annuellement de 500 à 2000 euros maximums par journaliste, selon ses revenus. C'est bien loin du compte pour celles et ceux qui risquent de se retrouver sans couverture sociale santé et retraite.

Journalistes en précarité extrême

« Le coût équivalent de cette couverture en France est entre 5000 et 10 000 euros ! » s'insurge un pigiste. Les correspondants à l'étranger sont plusieurs centaines (quelques 700 à l'étranger), mais avec des situations extrêmement diverses. Or le décalage entre le prestige d'un groupe comme France Médias Monde (RFI, France 24) et le statut incroyablement précaire de ses journalistes tâcherons a de quoi surprendre. Un collectif « Spartacus » s'est constitué qui a rédigé une tribune dénonçant leur situation à l'étranger, mais aussi en France.

Des piges payées au rabais

  « Il y a aussi un autre volet à nos revendications, c'est le tarif des piges qui en arrive à être moins élevé qu'en CDD » explique un pigiste en poste à Paris.  « Les différentiels de salaires atteignent des sommets, jusqu'à quelque 80 euros quotidiens pour des postes de mêmes fonctions » explique encore le journaliste. La direction de RFI a manifestement été bien surprise tant par l'ampleur de la grève que par l'impact médiatique du conflit. Au soir de l'action, les syndicalistes se disaient confiants et dans l'attente de l'engagement de réelles négociations. Dans le même temps, les assistants de plateau poursuivent aussi leur action depuis quinze jours pour revendiquer des hausses de salaire et une meilleure reconnaissance de leurs qualifications.

L'appel est officiellement lancé par la CFDT, la CFTC, FO et le SNJ, mais la CGT est partie prenante de cette action. Le fait qu'elle ne soit pas associée au préavis relève d'une question purement technique : le SNJ CGT explique qu'ayant déjà déposé un préavis pour une action en cours des assistants de plateau, un second préavis dans la même période aurait pu remettre en cause le premier.