À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
RÉFUGIÉS

Hotspots, dangereux projet

6 septembre 2017 | Mise à jour le 8 septembre 2017
Par | Photo(s) : Denis ALLARD/REA
Hotspots, dangereux projet

Mahamadou Issoufou, président de la République du Niger, Idriss Deby, président du Tchad, Emmanuel Macron, président de la République française et Angela Merkel, chancelière d’Allemagne

Dans un mini-sommet Europe-Sahel, Emmanuel Macron a de nouveau voulu faire aboutir son projet de tri entre réfugiés politiques et de guerre, ou bien économiques et écologiques, loin du sol européen. Absurde, et dangereux.

Empêcher les migrants de parvenir sur le sol européen. Pour Emmanuel Macron et plusieurs de ses partenaires européens, cette obsession doit se traduire dans les faits au plus tôt. Fin juillet déjà, le président de la République annonçait son souhait d'ouvrir dès que possible, des « hotspots » en Libye, c'est-à-dire des centres de tri entre réfugiés politiques ou de guerre d'un côté, et victimes des politiques économiques ou climatiques de l'autre.

Dans l'enfer libyen

Une proposition d'autant plus dénoncée par les des ONG, que dans la Libye en guerre, les migrants sont détenus arbitrairement, frappés, esclavagés, fréquemment violés, soumis à des milices qui rançonnent leurs familles, tués. Sans renoncer à son projet en Libye, le locataire de l'Élysée a dès lors envisagé d'installer de tels hotspots au Niger et au Tchad.

Mini-sommet

Tel a été l'objet du sommet de Paris, fin août, réunissant Emmanuel Macron, Angela Merkel, Paolo Gentiloni, Mariano Rajoy, leurs homologues tchadien et nigérien, Idriss Déby et Mahamadou Issoufou, le chef du gouvernement d'entente libyen, Fayez Al-Sarraj, ainsi que la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Après un accord en 2016 avec la Turquie permettant aux États membres de l'UE de s'y débarrasser de migrants potentiels, l'UE souhaite donc d'autres accords cette fois en Afrique.

Aux sources des migrations

Côté sahélien, les craintes sont lourdes de voir arriver en masse et de devoir accueillir sans moyens des migrants en quête de sécurité. D'autant que, comme l'a souligné le président tchadien Idriss Déby : « Qu'est-ce qui pousse la jeunesse africaine à partir vers l'Europe ? C'est la pauvreté, le chômage, la mauvaise éducation, l'insécurité. » De fait, d'autres routes s'ouvrent déjà, en particulier via le Maroc, pour celles et ceux en quête d'un minimum d'espoir de survie, de vie, d'avenir…

Gardes-côtes versus sauvetages en mer ?

Mais Emmanuel Macron et ses partenaires s'acharnent. Un budget dédié permet déjà la formation de gardes-côtes libyens, censés éviter les tentatives de départ d'éventuels migrants vers l'Europe. La Libye a élargi son champ d'intervention, au détriment de navires d'ONG grâce auxquels des milliers de vies ont pourtant pu être sauvées.

Solidarité condamnée

En attendant, Médecins du monde dénonce le harcèlement policier contre ses interventions, pourtant indispensables, auprès des migrants. Cédric Herrou, lui, se voit condamné à de la prison avec sursis pour avoir défendu des personnes migrantes dans la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes). L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'homme (un partenariat FIDH-OMCT) et la Ligue des droits de l'Homme (LDH) dénoncent le « harcèlement policier et judiciaire » à son encontre. Un appel est lancé.