20 août 2025 | Mise à jour le 20 août 2025
Suppression de deux jours fériés, remise en cause de la cinquième semaine de congés payés, massacre à la tronçonneuse dans la fonction publique, gel des prestations sociales, des milliards d'économies réalisées sur le dos des malades, des chômeurs et des retraités… Le projet de budget 2026 présenté par François Bayrou le 15 juillet comme un moment de vérité, est d'une brutalité inédite. « Les sacrifices pour le monde du travail ça suffit », a réagi l'intersyndicale qui a lancé une pétition pour demander l'abandon immédiat du projet de budget. Les syndicats ont prévu de se rencontrer le 1er septembre pour construire la riposte. En attendant, la Vie ouvrière questionne les mesures proposées, typiques des politiques d'austérité, et les vérités énoncées par le gouvernement.
En même temps qu'une lettre de cadrage portant sur une énième réforme de l'assurance chômage, le Premier ministre, François Bayrou, en a envoyé une seconde aux syndicats, les 8 et 9 août 2025, sur sa marotte de supprimer deux jours fériés, à savoir le lundi de Pâques et le 8 mai. Dans sa bafouille, où il invite les syndicats à négocier d'ici le 30 septembre, François Bayrou en remet une couche sur la compétitivité de la France qui apparaîtrait une fois de plus fragilisée dans un contexte international incertain. Rien de bien nouveau depuis le rapport Gallois de 2012, à partir duquel la quête sans fin de compétitivité a servi de prétexte pour fragiliser le modèle social via des politiques d'allègement de cotisations et d'impôts. « Nous avons l'impératif de produire plus pour maintenir notre souveraineté économique et notre indépendance financière. Les salariés ne seront pas rémunérés davantage pour les nouvelles heures de travail. En contrepartie, les employeurs s'acquitteront d'une contribution qui sera affectée au budget de l'État », écrit François Bayrou, qui évalue au doigt mouillé à 4,2 milliards, dès 2026, le rendement attendu d'une telle mesure. L'Insee a pour sa part estimé l'effet d'un jour ouvré supplémentaire à 0,06 point de PIB.
Travailler gratuitement
« Rien n'indique théoriquement qu'une telle mesure pourrait rapporter de telles sommes, sauf à croire qu'un surplus possible de production trouve des débouchés instantanément », écrit la CGT. « Les entreprises verseraient à l'État une contribution grâce à la production supplémentaire que devrait générer la mesure. Et le reste serait conservé par les entreprises qui pourraient alors augmenter les profits et les dividendes, alors que les travailleurs se verraient imposer deux jours de travail gratuit », commente le syndicat. Les professionnels du tourisme s'inquiètent, eux, d'une perte de chiffre d'affaires. En outre, le gouvernement a proposé de monétiser la cinquième semaine de congés payés. François Bayrou argue que les Français travaillent moins que leurs homologues européens.
Une durée hebdomadaire du travail dans la moyenne européenne
Or, la principale faiblesse réside dans le taux d'emploi des jeunes, qui se replie ainsi que celui des seniors. Avec 35,8 heures hebdomadaires, les Français se situent dans la moyenne européenne de 36 heures par semaine. En comparaison, la durée hebdomadaire du travail est en moyenne plus faible au Danemark, en Autriche ou en Allemagne, par exemple. Outre les deux négociations sur l'assurance chômage et la suppression des deux jours fériés, une troisième négo devrait suivre, visant à « la fluidification du marché du travail […] ouvrant ainsi “en même temps” grand les portes du musée des horreurs de la stigmatisation des demandeurs d'emploi et de la dérégulation du marché du travail », a écrit l'intersyndicale dans un communiqué commun. Après avoir recueilli plus de 300 000 signatures dans une pétition qui demande l'abandon du projet de budget, l'intersyndicale se réunira le 1er septembre pour organiser la riposte.