Identités multiples

« L'Iran, on me l'a arraché. En France, j'étais iranien. A Toronto, j'étais pendant quelques temps un Français-Iranien ensuite Canadien (…). À Ottawa, j'étais un Torontois-Français-Iranien. A Montréal, je suis un Torontois-Arabe-Iranien qui a vécu en France et à Ottawa… Et aujourd'hui, on me dit “eille mon gars t'es Québécois !!!” Je ne sais plus. »

Autant dire que Mani Soleymanlou n'a pas « le cul entre deux chaises » mais entre une quarantaine comme sur scène. Il commence sur le ton de l'humour pour nous parler d'un Iran qu'il connaît si peu mais qui lui colle aux basques. Il a une vague idée de sa grandeur historique, de sa richesse culturelle, rappelle que c'est un pays de montagnes et qu'on y parle le persan et non l'arabe.

Il « jouait à être iranien »

A partir de ses souvenirs d'enfance, quand il « jouait à être iranien », lors de ses vacances là-bas, il évoque « son » pays. Celui vers lequel il s'envole et qui oblige sa mère à se démaquiller et à se voiler la face, en escale à Amsterdam ; celui où les étoiles filantes n'appellent pas un vœu mais font craindre un nouveau conflit. Peu à peu, le ton se fait plus grave même s'il résume avec drôlerie la chute du Shah en 1979 et l'arrivée du « chien » Khomeini. La culpabilité de l'exilé pointe quand il rappelle le combat de la jeunesse lors la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad en 2009. Peut-il se dire Iranien, lui qui n'a pas connu la tourmente ? Est-il québécois pour autant ? Sa tirade finale en anglais, en français et en persan laisse la question – universelle – en suspens et c'est sacrément poignant !

Un de Mani Soleymanlou, jusqu'au 28 mars au théâtre du Tarmac, 159, avenue Gambetta 75020.

Le spectacle sera joué dans le festival Off d'Avignon, du 6 au 26 juillet, à 19h05, à la Manufacture, 2, rue des Écoles, 84000 Avignon.