13 mars 2018 | Mise à jour le 14 mars 2018
Alain Delmas est conseiller confédéral « Afrique ». En février, il a organisé une délégation CGT pour aller à la rencontre des syndicalistes africains. En mars, c'est une délégation de la RDC qui est en visite à la CGT. Le but ? S'écouter, apprendre des uns et des autres pour construire ensemble des réponses syndicales dans le cadre d'une économie mondialisée. Premier volet de notre série consacrée à la RDC.
Quelles relations entretient la CGT avec les syndicats et les syndicalistes africains ?
L'histoire de la CGT avec les syndicats africains date d'avant l'indépendance de ces pays. Elle leur a apporté son soutien lors de ces luttes. Ces liens historiques perdurent et nous sommes toujours en relation avec un certain nombre d'organisations, notamment en Afrique subsaharienne et en Afrique centrale. Le syndicalisme africain a cependant beaucoup évolué depuis puisque, au moment des indépendances, on était en face de partis uniques et d'un mono-syndicalisme.
Sous quelles formes se manifeste aujourd'hui le soutien de la CGT ?
Il y a deux aspects. Un aspect politique, au travers des déclarations de soutien aux syndicalistes, globalement malmenés en Afrique – pressions, répression, assassinats, disparitions –, qui montrent aux gouvernement de ces pays que ces organisations ne sont pas seules et sont soutenues par la CSI et la CGT en particulier. Il y a ensuite des aides plus techniques qui se traduisent par des solidarités financières, des formations.
Mais nous avons maintenant besoin d'inventer de nouvelles formes de coopération basées sur la co-construction. De faire le lien entre ce que rencontrent nos camarades dans les différents pays pour pouvoir peser et faire respecter les droits syndicaux, les droits fondamentaux des salariés. La loi sur le devoir de vigilance (concernant les multinationales et la sous-traitance, NDLR), qui a été votée à la fin du dernier septennat, peut être un appui pour mettre en œuvre des coopérations concrètes.
Une co-construction nécessaire face à une mondialisation libérale généralisée ?
Des actions ont déjà été menées contre des multinationales, des victoires gagnées justement en travaillant avec les syndicats africains. Il faut continuer dans cette voie et aller encore plus loin, travailler avec d'autres organisations internationales et co-construire de nouveaux contenus. Parce qu'il ne faudrait pas aller vers une espèce de colonialisme syndical qui pourrait nous amener à arriver là-bas en leur expliquant la vie. On a autant à apprendre de nos camarades africains, asiatiques ou d'Amérique du Sud, que nous à leur apporter. Il faut vraiment que l'on soit dans cette démarche-là : construire ensemble avec nos expériences, nos différences de culture, d'histoire, de contexte politique, etc. Arriver avec une ouverture d'esprit, une curiosité… et beaucoup d'humilité.