La cachette de Max
« C'est une belle journée pour laisser revenir les mots. Je ne sais pas depuis combien de temps tout s'est tu. Des mois. Des années ? Plus un mot, même à l'intérieur. Un grand silence, polaire. Frigorifié. » Avant d'en arriver au grand froid, Max n'a pas voulu avoir de copains, s'est caché de plus en plus souvent sous les escaliers, a parlé de moins en moins. Mais il a partagé beaucoup avec sa petite sœur Emma : des câlins et des discussions silencieuses grâce au « fil-de-frère ».
On comprend vite que l'histoire familiale est sacrément plombée en découvrant le malaise grandissant du petit garçon entre une mère, de plus en plus triste, qui dessine frénétiquement et un père, souvent parti en voyages d'affaires.
C'est sous le regard et avec les mots de Max que Valérie Péronnet nous conte dans Un petit glaçon dans la tête son étrange histoire. Une histoire faîte de drames enfouis qui sautent les générations, cruellement banale autant que singulière. Comme lui, on ne découvrira qu'à la fin la cause première de sa longue glaciation.
Dès les premières pages, on s'attache à ce petit Max et à ses cachettes pour éviter d'avoir trop mal. On suit les allers et retours entre sa vie d'adulte dans un hôpital psychiatrique et son enfance tourmentée, captivé par un récit poétique et nullement misérabiliste, malgré les souffrances accumulées par les uns et les autres.
On est à ce point sous le charme du personnage, féru de couleurs et de pâtisseries, qu'on essaye de tourner lentement les pages pour ne pas s'en séparer trop vite. Quand, enfin, il se réchauffera, Max, on le quittera avec une grosse envie de lui envoyer des tonnes de gâteaux multicolores.
Un petit glaçon dans la tête, Valérie Péronnet. Éditions Calmann-Lévy – 240 p. – 16 €