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TÉLÉVISION

« Un homme est mort » : un dessin animé sur la CGT et les grandes manifs à Brest

12 juin 2018 | Mise à jour le 13 juin 2018
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« Un homme est mort » : un dessin animé sur la CGT et les grandes manifs à Brest

Mercredi 13 juin, Arte diffusera Un Homme est mort (d'après la bande dessinée Un homme est mort, de Kris et Étienne Davodeau. Futuropolis, 2006). Un film d'animation rappelant les grandes grèves et manifestations qui ont secoué la ville de Brest en 1950 et l'implication de la CGT dans ce mouvement. Olivier Cossu, le réalisateur, revient sur cette aventure cinématographique peu ordinaire…
Un film d'animation sur Arte qui parle de luttes sociales, c'est nouveau ?

C'est la première fois qu'Arte produit un film d'animation. Au départ, il y avait la volonté de la chaine de travailler avec Les Armateurs (qui ont produit la série des Kirikou et Les Triplettes de Belleville.) et le dessinateur Étienne Davodeau (c'est un auteur de bandes dessinées dites « d'actualité et de reportage », régulièrement récompensé) et le fait de choisir Un homme est mort a permis d'entrer sur un sujet adulte et un thème fort, historique. De rebondir sur des faits qui se sont déroulés en 1950 mais qui, depuis, se sont reproduits des dizaines de fois. L'idée était de penser au côté universel et d'ouvrir le dialogue entre les générations.

Pas évident cependant de parler de manifestations syndicales, voire de sujets politiques sous forme de film d'animation ?

Ce n'est pas du tout évident et, en même temps, c'est peut-être parce qu'on le fait en dessin animé que l'on parle à plus de monde. Le dessin animé est perçu comme ayant plus de légèreté, ce qui est faux, mais le résultat est que les gens rentrent plus facilement dans l'histoire qu'avec des acteurs réels. Il y a quelque chose d'un peu plus poétique, comme si l'on faisait un pas sur le côté pour montrer les choses et c'est ce qui, je pense, permet de toucher plus de public, notamment les plus jeunes. Peut-être aussi que ce public a évolué. Même les enfants.

La réalité du sujet obligeait d'autre part à une grande exactitude ?

La phase de préproduction, c'est-à-dire tout ce qui se passe avant que l'on commence à dessiner, à colorier, à construire a été quasiment plus longue que celle de la fabrication, ce qui n'arrive jamais en animation. Il y a eu énormément de recherches. Sur l'historique de la ville de Brest en 1950, pour lequel on est allés chercher les relevés topographiques de l'époque pour les reconstituer en 3D et poser nos décors. Sur ces lieux, les costumes, les prénoms…

On a vraiment cherché une authenticité dans tout, les émotions, le graphisme, l'ambiance de la ville. Et jusqu'au dernier moment, nous avons changé une phrase, une couleur, une date, un des éléments parce que l'on tombait sur de nouveaux documents. Faire un film avec des faits réels, des personnages qui ont existé, nous obligeait à ne pas dire n'importe quoi. Ne pas être dans le faux.

Un film en résonnance avec la situation actuelle ?

Ce n'est pas fait exprès mais, par contre, c'est réfléchi dans le sens où, lorsque je suis arrivé sur le pilote, en 2014, cette histoire m'a intéressé parce qu'elle faisait écho à des choses qui se passent depuis que je suis petit et qui continuent aujourd'hui. Ça se situe en 1950, mais si l'on change les décors et les costumes des personnages pour les mettre n'importe où ailleurs, on peut faire le même film. Avec les mêmes drapeaux, la même couleur. Il y en a que les syndicats peuvent peut-être énerver, mais s'ils existent encore, c'est parce qu'il y a besoin de protection pour les ouvriers, pour ceux qui travaillent. Il ne faut pas cracher dessus. S'ils sont là, c'est qu'il y a une raison.

Comment réagissent les gens qui voient le film ?

J'avais un petit doute sur le fait que ce film intéresse beaucoup de monde à part les Brestois ou la CGT mais, à chaque fois qu'il est projeté, il est plutôt bien accueilli. En France comme à l'étranger. Un vieux monsieur est venu me voir pour me dire qu'il était à Brest en 1950 quand son cousin est arrivé en courant pour annoncer que quelqu'un venait de mourir pendant la manif, comme dans le film.

Une représentante de la CGT a fini en larmes lors d'une projection dans le Val d'Oise et, au Maroc, nous avons reçu le Prix du public lors d'un festival. Des Marocains me disaient qu'ils avaient besoin de ce genre de films qui montrent un peu la voie, des gens qui se révoltent. Brest ce n'est pas le Maroc, mais il s'y passe aujourd'hui des choses assez similaires. Je ne dirais pas que c'est un film de propagande pour tout faire exploser, mais il y a une réflexion qui parle, montre un fait historique et dit « Regardez ce que vous vivez ».

Dans ce film, on voit les principaux protagonistes aller montrer leur film directement aux premiers concernés sur leurs lieux de vie ou de lutte avec un « cinéma ambulant ». Comptez-vous en faire autant ?

On y réfléchit. Nous avons discuté avec Vivement Lundi, l'un des coproducteurs du film qui est à Rennes, de faire des projections en Bretagne peut-être cet été lors des festivals de cinéma en plein air. Et nous avons récemment fait une projection à Brest dans un grand hangar d'usine désaffecté devant mille personnes. Avec un projecteur installé dans un camion.

 

NVO – La Nouvelle Vie Ouvrière, le magazine des militants de la CGT, actualité sociale et juridiqueUn homme est mortRéalisé par Olivier Cossu, 66 minutes.
Diffusion sur Arte le mercredi 13 juin à 22 h 35.